Dans une déclaration ferme et nuancée, l’Iran a réitéré, mardi dernier, son rejet catégorique de la décision prise par la troïka européenne — France, Allemagne, Royaume-Uni — qu’elle considère comme dénuée de fondement juridique. Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaïl Baghaei, a accusé les pays européens de chercher à imposer à Téhéran les exigences de Washington, qu’il qualifie de
«dépourvu de toute bonne volonté».
Selon lui, les conditions préalables posées par l’E3 témoignent d’un «manque de sérieux et de bonne foi». Baghaei a souligné que l’E3 ne dispose d’«aucune compétence juridique» pour activer le mécanisme de réimposition des sanctions, dit «snapback», prévu dans le cadre de l’accord sur le nucléaire iranien (JCPOA). Il a rappelé que cette position est également soutenue par la Russie et la Chine, qui contestent la légitimité de cette démarche. Sur le volet technique, les discussions avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) restent en suspens.
Aucun accord n’a été conclu à ce jour, et seuls deux inspecteurs de l’agence sont actuellement présents en Iran, exclusivement chargés de superviser l’approvisionnement en combustible du réacteur de Bouchehr.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a lui aussi condamné la posture européenne dans une déclaration conjointe avec ses homologues russe et chinois.
Il a affirmé que le JCPOA est indissociable de la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l’ONU, et que l’E3, n’ayant pas mené à terme le mécanisme de règlement des différends, ne peut prétendre à une action officielle. La semaine précédente, l’E3 avait menacé d’activer le mécanisme de retour automatique des sanctions onusiennes si l’Iran refusait le retour des inspecteurs de l’AIEA dans trois sites nucléaires ciblés en juin par les États-Unis, de fournir des données détaillées sur 400 kg d’uranium enrichi à 60%, et de s’engager dans des négociations directes avec Washington. Téhéran a dénoncé cette initiative comme étant «illégale et politisée», dictée «sous injonction américaine», et a mis en garde contre les «graves répercussions internationales» qu’entraînerait une telle escalade .
Malik M.

