Dans une réponse rigoureuse et documentée, le représentant du Front Polisario auprès des Nations unies et coordinateur avec la MINURSO, Sidi Mohamed Ammar, a opposé un démenti ferme aux affirmations « fallacieuses et sans fondement » contenues dans une lettre récente du représentant du Royaume du Maroc adressée au Conseil de sécurité.
Cette réponse officielle a été transmise à l’ambassadeur Evangelos Sekeris, représentant permanent de la Grèce et président en exercice du Conseil de sécurité, comme l’a rapporté la Radio nationale algérienne.
Une réponse étayée face aux manipulations marocaines
Le diplomate sahraoui n’a pas mâché ses mots :
« Répéter un mensonge ne le rend pas vrai ». Il a dénoncé la stratégie marocaine consistant à marteler des contrevérités dans l’espoir de les faire passer pour des faits établis.
Selon M. Ammar, les répétitions systématiques de fausses assertions marocaines sur le Sahara occidental sont autant de tentatives désespérées de dissimuler une réalité juridique et politique qui dérange : le Sahara occidental n’appartient pas au Maroc et son statut reste non décolonisé.Il a souligné que de telles affirmations ne reposaient sur aucun fondement juridique, historique ou factuel, et constituent une « insulte à l’intelligence des États membres de l’ONU ».
Une occupation illégale fondée sur la violence et la répression
Le diplomate a rappelé que les réfugiés sahraouis n’ont pas quitté leur terre par choix mais ont été déplacés de force depuis l’invasion illégale marocaine de 1975, au cours de laquelle l’armée marocaine a eu recours à des armes prohibées internationalement, telles que le napalm et le phosphore blanc, pour cibler des civils sahraouis, détruire leurs habitations et anéantir leurs moyens
de subsistance. Les territoires sahraouis occupés sont aujourd’hui qualifiés par le Front Polisario de « plus grande prison à ciel ouvert au monde », où les droits fondamentaux des populations locales sont systématiquement bafoués : répression, surveillance constante, arrestations arbitraires, torture, disparition forcée et silence médiatique imposé par le régime marocain.
L’accès des observateurs et des organes onusiens bloqué
Sidi Mohamed Ammar a également pointé du doigt le blocus informationnel imposé par Rabat. Pour la neuvième année consécutive, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme s’est vu refuser l’accès au territoire occupé, malgré les nombreux appels du Conseil de sécurité.
De plus, les autorités marocaines expulsent journalistes, ONG, et observateurs internationaux, dans une volonté manifeste de cacher les violations graves des droits humains et de maintenir un blackout total sur la situation réelle du peuple sahraoui. Concernant le fondement juridique de l’occupation, le diplomate sahraoui a dénoncé la manipulation autour de l’Accord de Madrid de 1975, qui, selon lui, n’a aucune valeur légale. Il a rappelé que le Sahara occidental demeure inscrit à l’agenda de l’Assemblée générale des Nations unies comme territoire non autonome, donc soumis au processus de décolonisation. Il figure également sur l’agenda du Conseil de sécurité au titre des questions relatives à la paix et à la sécurité internationales.
Le Maroc s’est rétracté sur le référendum d’autodétermination
L’un des points les plus marquants de la lettre sahraouie concerne la trahison des engagements pris par le Maroc en 1988, lorsqu’il avait accepté le principe d’un référendum d’autodétermination sous l’égide des Nations unies. Cette promesse fut rapidement reniée.L’ancien envoyé spécial de l’ONU, James Baker, a lui-même affirmé que « plus on s’approchait du référendum, plus le Maroc paniquait à l’idée de le perdre », révélant la peur tangible de Rabat face à une consultation démocratique qui accorderait enfin au peuple sahraoui son droit de choisir librement son avenir.
Rejet catégorique de «l’Initiative d’autonomie» marocaine
La fameuse « Initiative marocaine d’autonomie », souvent présentée comme une solution « réaliste », est qualifiée par le Front Polisario de « farce politique », dont le seul objectif est de saper les efforts internationaux pour parvenir à une véritable solution basée sur le droit international.
Sidi Mohamed Ammar a estimé que cette proposition représente une tentative de légitimation d’une occupation coloniale, visant à priver le peuple sahraoui de son droit inaliénable à l’autodétermination.Il a appelé tous les États fidèles à la Charte des Nations unies à rejeter clairement et fermement cette initiative, affirmant que « ceux qui respectent réellement le droit international ne peuvent ni cautionner ni soutenir une telle manœuvre ».
Une position ferme pour une solution juste
À travers cette réponse cinglante, le Front Polisario rappelle à la communauté internationale que le conflit du Sahara occidental n’est ni un différend interne, ni une querelle bilatérale, mais bien une question de décolonisation inachevée. Il renouvelle son attachement à une solution pacifique conforme aux résolutions onusiennes et appelle au respect du droit du peuple sahraoui à choisir librement son avenir à travers un référendum d’autodétermination, la seule issue légitime, juste et durable à ce conflit .
Malik.M.