Soixante-dix-sept ans après la Nakba — cette catastrophe historique qui a marqué en 1948 le début de l’exil forcé de centaines de milliers de Palestiniens — ses conséquences continuent de façon tragique à façonner le quotidien du peuple palestinien. L’événement, loin d’appartenir au passé, reste un traumatisme ouvert, car les souffrances engendrées par la dépossession, l’occupation militaire et l’exil n’ont jamais cessé.
Aujourd’hui encore, l’ombre de la Nakba plane sur la Palestine, aggravée par des décennies de politiques coloniales, de violences systématiques, de déplacements forcés, de destruction de foyers et d’effacement identitaire.En ce mois de mai 2025, à l’approche de la commémoration du 77e anniversaire de la Nakba, les territoires palestiniens vivent une des périodes les plus sombres de leur histoire récente.
À Ghaza, la population civile subit une offensive militaire d’une brutalité sans précédent, décrite par de nombreux observateurs comme une tentative de génocide. En Cisjordanie et à Al-Qods (Jérusalem-Est), l’occupation intensifie son programme de colonisation et mène des opérations de nettoyage ethnique, forçant les habitants palestiniens à abandonner leurs terres. Ce processus méthodique de dépossession vise clairement à faire disparaître toute présence palestinienne dans ces territoires au profit d’une expansion continue des colonies israéliennes.
Face à cette situation alarmante, les Palestiniens ne baissent pas les bras. Leur résistance est multiforme : elle se manifeste à travers les mots, les marches, les rassemblements, les actions diplomatiques, et surtout par la détermination farouche de rester sur leur terre. Le slogan retenu pour la commémoration de cette année en témoigne : « Nous ne partirons pas… la Palestine appartiendra toujours aux Palestiniens ». Une affirmation forte et claire, portée à la fois par les dirigeants et par la population, qui refuse catégoriquement toute tentative de déracinement ou de substitution identitaire.Ahmed Abu Holi, président du Haut comité chargé de la commémoration de la Nakba et responsable du Département des affaires des réfugiés, a rappelé que la situation actuelle, notamment dans la bande de Ghaza, confirme que la Nakba n’est pas un événement figé dans le passé, mais un crime prolongé, un processus d’effacement qui se poursuit sous les yeux du monde.
Il a souligné que les actes commis contre les Palestiniens entrent dans la catégorie des crimes contre l’humanité, reconnus et condamnables selon le droit international. Pourtant, l’impunité dont jouit l’État occupant demeure totale, nourrie par l’indifférence, voire la complicité, de nombreuses puissances et institutions internationales.En dépit des destructions, des pertes humaines et des conditions inhumaines imposées aux populations, la volonté du peuple palestinien reste inébranlable. Les images de centaines de milliers de déplacés à Ghaza, marchant à pied sur des dizaines de kilomètres pour regagner leurs foyers dans le Nord après une accalmie relative, ont marqué les esprits à travers le monde. Elles incarnent le refus collectif de céder à la terreur, de fuir, d’abandonner, et démontrent la détermination d’un peuple à s’ancrer dans sa terre, envers et contre tout.Pour marquer cette date symbolique, des actions concrètes seront organisées à travers les territoires occupés et à l’échelle internationale.
L’objectif est triple : soutenir les habitants de Ghaza, faire connaître les crimes de l’occupation, et exercer une pression sur les décideurs internationaux afin qu’ils agissent pour mettre fin aux violences, stopper la colonisation et empêcher toute nouvelle vague de déplacement forcé.Les défenseurs internationaux des droits humains prévoient également de hausser le ton, dénonçant le silence complice de la communauté internationale et appelant à la poursuite de l’État occupant devant la justice internationale. Ils entendent rappeler au monde que la justice ne peut être sélective, et que le droit à la vie, à la dignité et à la liberté ne peut être confisqué en raison d’intérêts géopolitiques ou d’alliances diplomatiques.Dans ses déclarations, Ahmed Abu Holi a exprimé l’espoir que la communauté internationale rompt enfin avec sa politique du « deux poids, deux mesures », qui a permis à l’occupation israélienne de multiplier les exactions sans jamais en rendre compte.
Il a également réitéré la nécessité de soutenir l’UNRWA, l’agence onusienne chargée de l’aide aux réfugiés palestiniens, aujourd’hui fragilisée par des campagnes de délégitimation et des coupes budgétaires orchestrées à des fins politiques. L’aide à cette institution est vitale pour des millions de réfugiés qui n’ont, à ce jour, ni droit au retour, ni réelle perspective d’un avenir stable.
Par ailleurs, M. Abu Holi a lancé un appel à la mise en place urgente d’une commission d’enquête internationale sous l’égide des Nations unies, afin de documenter et de juger les crimes commis à Ghaza, en Cisjordanie et à Al-Qods Est occupée.
Il a également insisté sur la nécessité de garantir l’accès humanitaire aux populations assiégées et de lever les blocus qui empêchent l’acheminement de l’aide vitale.Enfin, le responsable palestinien a souligné que les aspirations de son peuple n’ont jamais changé : elles reposent sur des droits légitimes et reconnus, à commencer par le droit à l’autodétermination, le droit au retour, le droit de vivre librement sur leur terre, et celui d’établir un État souverain et indépendant avec Al-Qods Est pour capitale.
En cette commémoration du 77e anniversaire de la Nakba, c’est tout un peuple qui crie au monde qu’il est toujours là, debout, digne, attaché à sa terre, à son identité, à son histoire. Un peuple qui, malgré la douleur, les bombardements, les humiliations et les destructions, affirme : « Nous ne partirons pas. »
Farid B.
77 ans après la Nakba : Un peuple debout face à l’injustice et à la barbarie
