Le 8 octobre marque le quatrième anniversaire de la disparition de Rabah Deriassa, figure emblématique de la chanson algérienne authentique et pionnier du chant engagé.
À Blida, sa ville natale, comme dans le cœur des Algériens, son œuvre continue de résonner avec force, sincérité et attachement aux valeurs nationales.
Né le 1er juillet 1934, Deriassa a entamé sa carrière artistique dans les années 1950, mêlant avec élégance les arts plastiques, miniature et calligraphie, à la musique.
Sa première chanson, Nedjma Kotbia (Étoile polaire), lui a ouvert les portes d’une notoriété nationale et internationale. Il écrivait, composait et interprétait ses propres textes, abordant des thèmes patriotiques, sociaux et moraux, avec une sensibilité rare et une plume profondément humaine.
Son répertoire, riche de plus d’un millier de chansons, compte des titres intemporels tels que Ya Mohamed, El Momaridha (L’infirmière), Ya Chmalia, El Djaoula El Kbira (Le grand voyage), ou encore Yahiaou Ouled Bladi (Que vivent les enfants de mon pays). Ces œuvres continuent de traverser les générations, portées par une voix qui savait toucher les âmes.
Deriassa fut aussi un artisan de la valorisation de la chanson bédouine (El Ayaï), collaborant avec des maîtres du genre comme Cheikh El-Ardjani, Cheikh El-Bedoui et Khelifi Ahmed. Il a su faire dialoguer tradition et modernité, enracinement et ouverture, devenant un véritable ambassadeur de la culture algérienne dans le monde arabe.
Pour son neveu, l’artiste Nasreddine El-Blidi, Deriassa fut un guide et un soutien indéfectible. Il lui composa son premier album, Katba (Destinée), qui connut un grand succès. Le comédien Abdelhamid Rabia, quant à lui, salue en Deriassa «un artiste complet» alliant noblesse de caractère et fidélité à la chanson authentique. Son usage raffiné du dialecte algérien, compris et apprécié dans tout le monde arabe, lui a valu une popularité remarquable lors de ses tournées en Irak, Arabie Saoudite, Koweït, Émirats arabes unis, Liban, Égypte et Libye. Mais au-delà de la reconnaissance, c’est sa modestie et sa sincérité artistique qui ont marqué les esprits. «L’art qui vient du cœur touche le cœur», disait-il.
Rabah Deriassa s’est éteint le 8 octobre 2021 à l’âge de 87 ans, laissant derrière lui un héritage artistique inestimable. En hommage à son parcours exemplaire, son nom orne désormais la Maison de l’Artiste de Blida, située à quelques pas de son domicile, comme un repère de mémoire et de gratitude. Quatre ans après sa disparition, Rabah Deriassa demeure une voix vivante dans la conscience culturelle algérienne. Une voix qui chantait l’amour, le travail, la patrie — et qui continue, en silence, de nous inspirer .
Amina S.
Quatre ans déjà, l’écho demeure: Rabah Deriassa, la voix d’une Algérie sincère

