Dans un climat de confusion politique à Antananarivo, l’exfiltration du président malgache Andry Rajoelina par un avion militaire français, dimanche 12 octobre, soulève de vives interrogations sur le rôle de Paris dans les transitions de pouvoir africaines. Selon plusieurs sources concordantes relayées par RFI, le chef de l’État aurait quitté l’île Sainte-Marie à bord d’un appareil de l’armée française, à destination de La Réunion, avant de poursuivre son voyage vers une destination encore incertaine probablement Dubaï.
Ce départ, autorisé par le président Emmanuel Macron selon des sources proches du dossier, est présenté comme un geste en faveur d’une «transition pacifique». Mais derrière cette formule diplomatique, c’est une réalité plus troublante qui se dessine : celle d’une intervention logistique discrète mais décisive, dans un moment de bascule politique majeur pour Madagascar. Alors que les canaux officiels de la Présidence malgache restaient muets ou contradictoires — certains proches de Rajoelina affirmant encore dimanche sdernier qu’il se trouvait retranché dans un bunker à Antananarivo —, la France, elle, a agi. Et ce, tout en martelant qu’aucune intervention militaire n’aurait lieu sur la Grande Île. Une ligne de communication qui sonne comme une précaution narrative, alors même que des moyens militaires français ont été mobilisés pour exfiltrer un président contesté. Dans ce contexte, la France apparaît comme un acteur silencieux mais central, facilitant une sortie de crise sans en assumer publiquement les implications. Ce n’est pas la première fois que Paris joue les chefs d’orchestre dans l’ombre, au nom de la stabilité. Mais à quel prix pour la souveraineté des peuples africains ? L’exfiltration de Rajoelina, sans mandat international, sans transparence, et sans consultation apparente des institutions malgaches, pose une question fondamentale : jusqu’où la France entend-elle peser sur les transitions politiques africaines, et au nom de quels intérêts ?
N. C.
Madagascar : exfiltration sous silence,la France au cœur d’un scénario opaque

