Les fonds de l’immigration: Pilier discret de la stabilité financière tunisienne

Les transferts de fonds envoyés par les Tunisiens résidant à l’étranger jouent un rôle de plus en plus crucial dans la stabilité économique de la Tunisie. Selon le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Fathi Nouri, ces transferts ont représenté à la fin de l’année 2024 environ 30 % des réserves de change du pays, une part significative qui témoigne de leur importance structurelle pour l’équilibre macroéconomique national.
Lors d’un symposium organisé par le ministère des Affaires étrangères en collaboration avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), M. Nouri a précisé que les fonds transférés par la diaspora tunisienne ont permis de couvrir entre 1,3 % et 1,4 % de la dette en devises du pays, allégeant ainsi la pression sur le service de la dette extérieure.
En termes de produit intérieur brut (PIB), ces transferts représentaient environ 5,6 %, un chiffre qui illustre leur impact direct sur la consommation, l’investissement familial, et les équilibres de la balance des paiements.Au-delà de leur contribution financière, les Tunisiens de l’étranger participent à hauteur de 2 % à l’économie nationale, à travers des investissements, des transferts de savoir-faire, et la création d’entreprises. Pour Fathi Nouri, l’immigration doit être considérée comme « une force stratégique », capable de conjuguer compétences, capital financier, influence culturelle et intégration internationale, autant d’atouts dans un monde globalisé où les réseaux diasporiques sont devenus de véritables vecteurs de développement. À fin février 2024, 1.731.619 Tunisiens vivaient à l’étranger, soit environ 12 % de la population totale du pays. Ce chiffre met en évidence l’ampleur et la vitalité de la diaspora tunisienne, répartie principalement entre l’Europe (notamment la France, l’Italie et l’Allemagne), les pays du Golfe et l’Amérique du Nord. Cette communauté reste fortement attachée à son pays d’origine et joue un rôle essentiel dans la résilience économique de la Tunisie, notamment dans un contexte marqué par des incertitudes financières, un accès difficile au financement international, et un taux d’endettement préoccupant. Face à ces enjeux, plusieurs experts appellent à une meilleure intégration de la diaspora dans les politiques publiques, par des dispositifs incitatifs à l’investissement, un meilleur accompagnement administratif, et un renforcement des partenariats entre institutions tunisiennes et communautés expatriées. Il s’agit là d’un potentiel encore sous-exploité que la Tunisie gagnerait à structurer davantage dans une stratégie globale de développement durable et de diplomatie économique

Farid.H.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *