Entre l’Algérie et la France, la crise diplomatique touche le fond. Mais pendant qu’Alger s’en tient au respect des règles en matière diplomatique, faisant de sa souveraineté une ligne rouge, Paris adopte le double langage. Une attitude pour le moins hypocrite visant à la fois, à satisfaire une opinion publique acquise aux idées de l’extrême droite, et à paraître comme la partie qui appelle à la désescalade et au calme. Et c’set le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères qui, encore une fois, se charge de faire le travail. Soufflant le chaud et le froid, Jean-Noël Barrot annonce l’expulsion d’agents diplomatiques algériens en France et appelle les autorités algériennes à … «la responsabilité» !
Invité, hier, sur le plateau de la chaîne d’extrême droite BFMTV, le chef de la diplomatie française a affirmé avoir notifié au chargé d’affaires de l’ambassade d’Algérie à Paris, la décision «immédiate, ferme et proportionnée » du renvoi en Algérie de « tous les agents titulaires de passeports diplomatiques qui n’ont pas actuellement de visa », tout en se réservant «le droits de prendre d’autres mesures ».
Barrot revient toutefois appeler les autorités algériennes «à leur responsabilité » qui est, dit-il, « de veiller à l’intérêt de leur peuple » car «les tensions provoquées par ces décisions injustifiables créent aux algériens qui vivent en France des difficultés qui n’ont pas lieu d’être ». Plus encore, interrogé sur le cas Boualem Sansal, le ministre des AE a déclaré que Paris continu «à appeler, étant donné sa situation de santé, les autorités algériennes à un geste d’humanité ».
«C’est la moindre des choses », a-t-il admis. Pour rappel, Alger a décidé en début de semaine d’expulser une quinzaine d’agents français, «objet d’une affectation dans des conditions irrégulières»,
du territoire national. Leur entrée en Algérie s’était en effet faite, sans que leurs affectations ne fassent, au préalable, l’objet, « ni de notifications officielles, ni de demandes d’accréditation appropriées comme
l’exigent les procédures en vigueur ». Une décision reçue comme une claque par Paris qui vient de procéder de même. Mais le comble, c’est qu’au moment où du coté algérien, l’information n’a même pas fait l’objet d’une sortie officielle, Jean-Noël Barrot, tout en déversant son lot d’accusations et de dénonciations contre l’Algérie, ne s’est pas privé « le luxe » d’appeler à un geste d’humanité pour cas Sansal. Pour un ministre des AE, devant maîtriser le langage diplomatique, il sait très bien que si en France l’hameçon est avalé par une opinion publique bombardée matin et soir à coup de discours extrémistes,
à Alger le piège a échoué ! On ne peut pas bomber son torse et se vanter de mesures fermes d’un côté, et appeler à un geste d’humanité ou à la responsabilité de l’autre .
Farid H.
Face à la cohérence des réactions mesurées d’Alger: Paris souffle le chaud et le froid
