Dans un climat politique tendu, marqué par des menaces de censure et une instabilité parlementaire persistante, le Premier ministre français Sébastien Lecornu a annoncé, dimanche dernier, la composition de son nouveau gouvernement.
Cette équipe, qu’il qualifie de «gouvernement de responsabilité», devra relever un défi immédiat et crucial : élaborer un projet de loi de finances pour 2026 avant la fin de l’année, dans un contexte de dette publique record et de fragmentation politique. La formation de ce gouvernement intervient alors que Lecornu, reconduit à Matignon après une série de démissions et de remaniements, évoquait à nouveau la possibilité de quitter ses fonctions.
Confronté à une Assemblée nationale sans majorité claire depuis les élections législatives anticipées de l’été 2024, le chef du gouvernement a dénoncé les «ambitions partisanes» et les «logiques de blocage» qui, selon lui, paralysent l’action publique.
La France, secouée par une crise financière persistante, affiche une dette publique de 3 300 milliards d’euros, soit plus de 115% de son PIB, un niveau inédit qui accentue la pression sur l’exécutif. Face à cette impasse, Lecornu a opté pour une composition gouvernementale hybride, mêlant responsables politiques, technocrates aguerris et figures issues de la société civile. Ce choix, présenté comme un dépassement des clivages traditionnels, vise à restaurer la capacité de l’État à agir et à légiférer dans l’intérêt général. Parmi les nominations phares, Laurent Nuñez, préfet de police de Paris, prend les rênes du ministère de l’Intérieur, succédant à Bruno Retailleau. Jean-Pierre Farandou, ancien président de la SNCF, est nommé ministre du Travail, apportant son expérience de gestion publique à un portefeuille social stratégique. Jean-Noël Barrot est reconduit aux Affaires étrangères, assurant une continuité diplomatique dans un contexte international instable. Enfin, Catherine Vautrin, ancienne ministre du Travail, hérite du ministère de la Défense, illustrant la volonté de capitaliser sur des profils expérimentés.
Dans une publication sur la plateforme X, Lecornu a exprimé sa gratitude envers les nouveaux ministres, saluant leur engagement «libre et désintéressé», loin des calculs partisans. Il a insisté sur la nécessité de «faire primer l’intérêt du pays» et de «restaurer la confiance dans l’action publique». Ce gouvernement, le deuxième formé par Lecornu en moins de deux mois, se trouve néanmoins sous la menace immédiate d’une motion de censure, brandie par plusieurs groupes parlementaires. La cheffe de file des députés insoumis, Mathilde Panot, a déjà averti les nouveaux ministres : «Un conseil aux nouveaux arrivants : ne déballez pas vos cartons trop vite.» Dans ce contexte incertain, le gouvernement Lecornu II devra faire preuve de cohésion, de rapidité et de pédagogie pour convaincre un Parlement fracturé et une opinion publique inquiète. L’élaboration du budget 2026, véritable test de sa viabilité, s’annonce comme une épreuve décisive pour la survie politique de l’exécutif .
Malik M.
Entre technocratie, société civile et urgence budgétaire:Sébastien Lecornu dévoile un gouvernement de crise

