Dr Hasni Abidi, politologue, spécialiste de la région mena:«Un texte du Conseil de sécurité miné par ses contradictions»

Dans une analyse approfondie diffusée sur la chaîne El Khabar TV, le politologue Dr Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherches sur le monde arabe et méditerranéen à Genève, a souligné les limites du dernier résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies sur le Sahara occidental, qu’il juge difficilement applicable en pratique. Selon Dr Abidi, le document est marqué par une formulation complexe et ambivalente, visant à satisfaire les positions divergentes des parties impliquées dans le conflit. Il révèle que la rédaction initiale a été pilotée par les États-Unis, en concertation avec la France et le Royaume-Uni, mais a dû être amendée à plusieurs reprises pour éviter le veto de la Russie et de la Chine. Ce jeu d’équilibre a abouti à un texte dépourvu de ligne politique claire, oscillant entre la valorisation de l’initiative marocaine d’autonomie et le rappel du droit à l’autodétermination inscrit dans les résolutions onusiennes. Le chercheur souligne que cette dualité rend l’application du texte particulièrement ardue : il est incohérent de promouvoir une solution unilatérale tout en affirmant la nécessité de consulter toutes les parties. Cette tension interne affaiblit la portée opérationnelle du texte et complique toute avancée vers une résolution durable. Le renouvellement du mandat de la MINURSO pour une année supplémentaire est interprété par Dr Abidi comme une confirmation du principe d’autodétermination, puisque cette mission a été créée pour organiser un référendum. Il note également que le texte confère des prérogatives étendues à l’envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU, lui permettant de consulter les différentes parties et de proposer des alternatives, une disposition qui entre en contradiction avec la position marocaine, qui considère l’autonomie comme l’unique solution. Du côté marocain, l’inclusion de l’initiative d’autonomie dans le texte est perçue comme un succès diplomatique, d’autant qu’aucun membre du Conseil ne s’y est opposé. Toutefois, Dr Abidi insiste sur le fait que la résolution reste politique plutôt que juridique, rappelant que la question du Sahara occidental demeure inscrite à l’ordre du jour de la Quatrième Commission de l’ONU, chargée de la décolonisation. Enfin, le politologue évoque l’impact persistant de l’accord conclu sous l’administration Trump, qui avait reconnu lasouveraineté marocaine sur le Sahara en échange de la normalisation des relations avec Israël. Ce précédent continue, selon lui, à influencer les positions de certaines puissances occidentales, au détriment de la légalité internationale, qu’il estime avoir été mise à mal .
M. M.