Le Musée de géologie de Béjaia, unique en Algérie, qui s’apprête à accueillir des milliers de visiteurs la saison estivale qui approche, mérite le qualificatif de temple de la science et du tourisme.
Le personnel du Musée affine et peaufine les conditions d’accueil, s’employant à améliorer surtout ses espaces périphériques et lieux de détentes, car à l’intérieur tout est à point pour mettre plein la vue et l’esprit aux touristes. Situé au cœur du parc national de Gouraya, le bâtiment qui s’apparente à une jolie résidence d’un quartier cossu, offre à ceux qui s’y embarquent, un voyage passionnant et rafraichissant dans les sciences de la terre, magnifié de surcroît par une scénographie chatoyante, conçue et adaptée par des artistes de renoms dont le plasticien Djamel Bouali.
« C’est un formidable outil à la fois scientifique, culturel et pédagogique », opine le professeur Djamil Aissani, président de la société savante de Bejaia « Groupe d’Etudes sur l’Histoire des Mathématiques à Bougie Médiéval » (GEHIMAB) et initiateur du projet en 2003 lequel, à l’origine se prédestinait à être implanté dans la région de Nantes en France. Par une heureuse rencontre ayant réuni un géologue Nantais émérite, natif de Bejaia, le professeur Yves Bodeur, Djamil Aissani, et le directeur de la conservation des forêts de Bejaia d’alors, Ali Mahmoudi, devenu ultérieurement directeur général des forêts, le projet a été installé dans la capitale des Hammadite.
Le dénominateur commun des trois personnages était leur amour pour Bejaia et ses environs, leur passion commune pour l’histoire et leurs intérêts partagés pour les écosystèmes locaux (Marin, lacustre et forestier). Une collection exceptionnelle de minéraux, de roches et de fossiles Ainsi, outre le bâtiment, mis à disposition par la direction des forêts, chacun des trois a apporté sa contribution au projet, facilité dans sa concrétisation par l’offre d’Yves Bodeur d’une collection d’exception d’échantillons de minéraux, rocheux et fossiles, collectés au détour de ses pérégrinations à travers le monde, fruit de « 40 ans de travail sur le terrain », a précisé M. Aissani, tout fier de voir cette institution rayonner de son plus bel éclat.
Réparti sur deux étages, un rez-de-chaussée et un sous-sol éclairé à profusion par la lumière du jour, l’édifice se compose de deux espaces d’exposition, d’une bibliothèque spécialisée et d’une salle de conférences ainsi que d’une reproduction artificielle d’une grotte de stalactites et stalagmites reliant les deux niveaux du Musée dans une apparence à caractère absolument leurrant.
Le rez-de-chaussée est réservé à la géologie générale. Sa visite permet de s’initier aux grands domaines de la discipline et de faire connaissance avec les notions élémentaires portant sur la structure intime de la matière. Des fresques en bâche garnissent les murs, racontant, dans un décor pictural savant, l’histoire de l’univers, depuis le Big Bang jusqu’à l’homme des cavernes.
La salle quant à elle est truffée de vitrines, renfermant des collections d’échantillons, mêlant minéralogie et pétrographie (science des roches) dans toute sa diversité (volcanique, métamorphique, sédimentaire et fossile). Le sous-sol quant à lui, est entièrement consacré à la géologie de l’Algérie en général, mais de Bejaia et de Jijel en particulier, s’évertuant à en montrer les spécificités, la grande variété des paysages nationaux et la grande complexité des figures géologiques qui s’y trouvent. Outre les illustrations qui y sont proposées, de nombreuses vitrines en donnent des aperçus vivants et dont certains échantillons laissent pour le moins songeur. Ainsi en est le cas pour les dents de requins récupérés dans le Hoggar et dont la présence sur les lieux n’est pas sans rappeler voire soutenir la thèse selon laquelle l' »Ahaggar n’Attakor » a d’abord été une mer avant de finir, une fois asséché, en désert. Le Musée de géologie de Bejaia donne l’opportunité de s’ouvrir sur les énigmes historiques et scientifiques et aide à la découverte, tout en développant, notamment chez les jeunes, le goût de l’observation et les méthodes de recherche, a estimé M. Aissani, qui l’apparente à un temple de science et de tourisme.
R.C.