Le monde célèbre ce mercredi 18 juin la Journée internationale de la lutte contre les discours de haine, une occasion cruciale pour sensibiliser à la montée inquiétante de ce phénomène, qui se propage à une vitesse sans précédent à travers le monde. Cette journée met en lumière la nécessité urgente de promouvoir la tolérance, le dialogue interculturel et interreligieux, ainsi que l’inclusion comme remparts essentiels contre la haine.Instituée par une résolution adoptée en juillet 2021 par l’Assemblée générale des Nations unies, cette journée internationale a été célébrée pour la première fois en 2022. Elle marque une reconnaissance internationale de la menace croissante que représentent les discours haineux pour la paix, la sécurité, les droits humains et le vivre-ensemble.
La résolution appelle les États, les institutions et la société civile à renforcer leurs efforts pour combattre la discrimination, la xénophobie et toutes les formes d’incitation à la haine, conformément aux normes internationales en matière de droits de l’Homme.Un fléau amplifié par les technologies et les crises mondialesDans un monde de plus en plus interconnecté, les discours de haine franchissent les frontières culturelles et géographiques, souvent amplifiés par les plateformes numériques et l’intelligence artificielle.
Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a mis en garde contre cette amplification technologique, affirmant que « les discours de haine se propagent plus vite et plus loin que jamais ». Il a notamment dénoncé l’usage d’algorithmes biaisés et de systèmes numériques qui diffusent des contenus toxiques et créent des espaces de harcèlement et de violence.Dans ce contexte, le Pacte numérique mondial, adopté lors du Sommet de l’avenir en 2024, encourage une coopération internationale renforcée pour encadrer et combattre la haine en ligne, tout en veillant au respect des droits fondamentaux.
Agir ensemble contre la haine : un devoir collectif
Le message de cette journée est clair : il ne suffit pas de dénoncer la haine, il faut l’affronter par des récits positifs, une éducation inclusive et des actions concrètes. António Guterres appelle à la mobilisation de tous les acteurs — gouvernements, organisations civiles, entreprises, médias, responsables religieux et citoyens — afin d’unir leurs efforts pour étouffer les voix de la haine et défendre les principes universels de dignité humaine.Les discours de haine prennent des formes multiples : racisme, antisémitisme, islamophobie, misogynie, homophobie ou encore hostilité envers les réfugiés et les migrants. Ils sont souvent le terreau de discriminations systémiques, de violences, et parfois de crimes contre l’humanité.
Le meurtre d’Aboubakr Cissé : une tragédie révélatrice
Cette journée prend une résonance particulière dans le contexte de la récente tragédie survenue en France. En avril dernier, Aboubakr Cissé a été froidement assassiné dans une mosquée du Gard par un extrémiste de droite, qui a filmé son acte en proférant des propos haineux. Ce crime abject a profondément choqué la communauté musulmane et soulevé une vague d’indignation à travers le pays.De nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer le climat d’islamophobie grandissant en France. Des responsables politiques, comme le sénateur Ian Brossat, ont directement mis en cause le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, accusé d’avoir alimenté cette haine à travers ses discours.
Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise, a également alerté sur « un climat islamophobe entretenu au sommet de l’État ». Sa collègue, la députée Aurélie Trouvé, a déclaré sans détour :
« L’islamophobie tue. Et des responsables politiques sont derrière cela. »
Un combat permanent pour la dignité et la paix
La Journée internationale de la lutte contre les discours de haine est bien plus qu’un moment symbolique : elle est un appel à la vigilance, à la responsabilité et à l’action. Face à la banalisation des discours haineux dans l’espace public et numérique, il est impératif de bâtir des sociétés fondées sur le respect, la diversité, la solidarité et la justice.Ce combat concerne chacun d’entre nous. Car derrière chaque mot de haine peut se cacher une vie brisée .
Malik.M.

