Architecture financière internationale : L’Afrique appelle à une réforme de fond

Les chefs d’Etat et de gouvernement africains participant aux Assemblées annuelles 2024 de la Banque africaine de développement (BAD) ont appel mercredi à Nairobi (Kenya), à la refonte de l’architecture financière mondiale, jugée injuste et défavorable pour les pays du continent.
Ce dialogue présidentiel de haut niveau s’est tenu avec la participation de 14 chefs d’Etat et de gouvernement africains, et des responsables de plusieurs institutions régionales, en présence du ministre des Finances, Laaziz Faid, en qualité de représentant du Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune. Les intervenants lors de cette séance ont été unanimes à souligner que l’architecture financière mondiale actuelle était caractérisée par « l’insuffisance des financements abordables et ne permettait pas d’atteindre les objectifs de développement en Afrique ». Dans ce cadre, William Samoei Ruto, président du Kenya, pays hôte des Assemblées annuelles 2024 du groupe de la BAD, a estimé que la transformation économique souhaitée en Afrique nécessitait un engagement constant de ressources considérables pour investir dans les infrastructures et les capacités industrielles.
Cependant, « nous sommes confrontés aux barrières rigides d’une architecture financière mondiale qui est fondamentalement mal alignée avec nos aspirations », a déclaré le président Ruto, faisant observer que les taux appliqués pour les Africains sur les marchés internationaux « sont supérieurs de 8 à 10 fois plus par rapport à ceux payés par le reste du monde ».
Ces taux d’emprunt élevés tiennent compte d’un « profil de risque arbitraire qui n’est pas appliqué lors de l’examen des projets d’extraction de nos ressources minières, même dans les zones de conflit », soutient-il.
Le président kényan préconise, dans ce sens, d’aller vers une nouvelle architecture qui favorise le développement en Afrique à travers des financements souples et flexibles, à long terme, qui prennent en compte les priorités africaines notamment en matière de climat, avec des taux faibles et des volumes importants. De son côté, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a souligné que les apports de financements extérieurs pour la gestion de développement de l’Afrique ont été « très loin des attentes, traduisant ainsi une injustice à l’égard du continent ». Cette situation « injuste » s’illustre notamment dans le domaine du climat où les Africains subissent les effets du réchauffement climatique sans qu’ils en soient responsables historiquement, alors qu’ils ne bénéficient pas d’une solidarité financière à la hauteur des défis climatiques.
Pour faire face à cette injustice, « il est impératif plus que jamais pour les Africains de parler d’une seule voix, notamment à travers une réforme intra-africaine, pour pouvoir compter au monde ».
Le président du groupe de la BAD, Akinwumi Adesina, a appelé les institutions et les banques multilatérales de développement à optimiser leur engagement afin de lever davantage de financements pour soutenir les pays africains. « On ne saurait trop insister sur la nécessité de réformer l’architecture financière internationale afin de mobiliser les ressources indispensables au financement des Objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030 », a-t-il martelé.
Revenant sur le bilan de la BAD en 2023, M. Adesina a fait savoir que les financements de cette institution dépassaient les 10 milliards de dollars, destinés à réaliser ses cinq grandes priorités:  » éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie, nourrir l’Afrique, industrialiser l’Afrique, intégrer l’Afrique et améliorer la qualité de vie de ses populations ». Depuis le lancement en 2016 de ces cinq objectifs, baptisés High 5, les financements de la BAD ont touché plus de 400 millions de personnes, selon le premier responsable de cette institution financière régionale qui fête en 2024 le 60e anniversaire de sa création .
R.E.

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