Le peuple soudanais entame sa deuxième année de souffrance au milieu de l’une des pires crises humanitaires au monde marquée par des déplacements massifs et des massacres de civils, conséquence d’un conflit armé qui était initialement limité à quelques villes du pays avant d’engloutir plus de 70 % du Soudan.
Un an, jour pour jour, depuis le début des combats entre l’armée du Soudan et les Forces de soutien rapide (FSR) qui ont causé la mort et la dévastation dans le pays, et le conflit ne semble pas trouver de solution malgré les efforts de la communauté internationale pour y mettre fin.
« Un an après, le (conflit) au Soudan continue de faire rage et le pays et ses voisins connaissent l’une des crises humanitaires et de déplacement les plus importantes et les plus difficiles au monde », avait déclaré Olga Sarrado Mur, porte-parole de l’agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR).
Alors que le peuple soudanais se préparait à fêter la signature d’un accord qui devait mettre un terme à une crise politique interne, les premières balles ont fusé des canons au sud de la capitale Khartoum le 15 octobre 2023, déclenchant un conflit qui allait provoquer l’une des pires crises humanitaires du monde au regard de la gravité de l’état de malnutrition et du nombre des populations déplacées. Depuis, les combats entre les deux rivaux se sont étendus au-delà de la capitale vers sa périphérie et d’autres villes au centre et à l’est du pays.
Ces combats ont connu un regain de violence notamment après l’échec de l’appel du Conseil de sécurité de l’ONU à la cessation immédiate des hostilités pendant le mois sacré du ramadhan à travers l’adoption de la résolution 2724 du 8 mars. Ce revers est venu s’ajouter aux échecs de plusieurs efforts internationaux pour mettre un terme au conflit à l’instar des négociations du processus de Djeddah et des sommets de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), qui représente l’Union Africaine.
A l’occasion de la visite officielle de deux jours effectuée fin janvier à Alger, le président du Conseil de Souveraineté de la République du Soudan, le général Fattah Al-Burhan Abderrahmane s’est dit favorable à « la présence de l’Algérie à toute table de dialogue ou débat arabe ou africaine » après avoir affirmé que son pays faisait face à « une conspiration ourdie de connivence avec des parties régionales et internationales ».
De son coté, son hôte, le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune a réaffirmé « le soutien de l’Algérie au Soudan pour surmonter la conjoncture difficile et faire face aux forces du mal qui le ciblent », rappelant que « l’Algérie a toujours favorisé et privilégié le règlement des conflits par une approche purement interne, loin de toute forme d’ingérence étrangère », et soulignant que « le dernier mot revient au peuple soudanais avec toutes ses composantes ».
Lors de la présentation de la Note Blanche, le 20 mars, par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) à la réunion du Conseil de sécurité consacré à ce sujet, le représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations Unies, Amar Bendjama, a souligné au nom des membres du groupe A3+ (Algérie, Mozambique, Sierra Leone et Guyane), l’importance d’une solution politique au conflit au Soudan. Il a fait valoir la position du groupe A3+ en faveur d’un « processus politique global, qui tienne compte de toutes les préoccupations et de tous les points de vue ».
« La situation au Soudan n’est pas moins importante que n’importe quel autre dossier à l’ordre du jour de ce Conseil. Nous devons rester concentrés sur les meilleurs moyens de désamorcer les tensions, en coordination avec les autorités soudanaises. Le peuple soudanais innocent mérite dignité, protection et un avenir meilleur », avait soutenu M. Bendjama.
Grave crise humanitaire
Malgré les espoirs suscités par l’acheminement pour la première fois depuis plusieurs semaines d’une aide d’urgence au Darfour fin mars, la situation au Soudan est qualifiée de « pire crise humanitaire » que connait le monde.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) s’est alarmé, début avril, d’une aggravation de la crise faisant état de 18 millions de personnes confrontées à une « insécurité alimentaire aiguë » depuis avril 2023.
Selon l’ONU, quelques 25 millions de personnes, soit plus de la moitié de la population soudanaise, ont besoin d’aide, au moment où le conflit a fait environ 13 900 morts et quelques 8,5 millions de déplacés et de réfugiés.
La Classification intégrée de la sécurité alimentaire (IPC), une autorité mondiale en matière de sécurité alimentaire soutenue par les Nations Unies, déclare qu’une action immédiate est nécessaire pour prévenir « une mortalité généralisée » et « un effondrement total des moyens de subsistance et éviter une crise alimentaire catastrophique au Soudan ».
Tout récemment, Mohammed Chande Othman, président de la mission des enquêteurs de l’ONU, mettait en garde : « Le peuple soudanais a assez enduré. Les parties belligérantes doivent trouver la voie de la paix et du respect des droits de l’homme ».