Où allons-nous ?

Où allons-nous ? C’est la seule question légitime en ce moment. Le peuple a le droit de savoir ! Non pas pour être rassuré ou effrayé, mais parce que c’est le premier concerné, l’avenir d’un pays c’est l’avenir de sa population. Certes, longtemps sous nos cieux républicains, la culture du secret a été cultivée. Tout est connu dans les arcanes du pouvoir, rien n’est dévoilé au dehors. Une stratégie à double tranchant qui à la longue aliène les citoyens (la volonté de tout Pouvoir sans doute), mais paradoxalement discrédite la parole des dirigeants (la peur de tout Pouvoir). Aujourd’hui, ce n’est plus tout à fait le cas. Les « experts » en tous genres, et même les députés, sénateurs ou ministres, n’hésitent plus, en ces temps modernes, à brosser le tableau d’un futur algérien de fortune ou d’infortune dans les médias qui veulent bien leur offrir une tribune.

Mais difficile de s’y retrouver là aussi. Les « experts » disent noir quand les ministres disent blanc. Et vice versa. Trop de contradictions ! Qui croire à la fin ?
Qui est objectif ?, qui ne l’est pas ? Voilà encore une autre manière d’aliéner davantage le peuple, le plonger dans un tas d’informations souvent contradictoires pour « in fine » le voir plus désorienté que jamais.

Tout bien considéré, nous nous retrouvons au même point de départ : pas d’informations est problématique, trop d’informations l’est aussi. Cela montre
également l’évolution qu’ont opérée les États-nations, passant d’un modèle de propagande ou tout est scellé, le modèle pour faire simple totalitaire classique, à un modèle néo-totalitaire, plus adapté à notre monde progressiste, mondialisé, « technologisé » à outrance, où l’information est partout et la vérité nulle part. Notons, par exemple, le traitement de la crise actuelle, celle de la baisse des prix du pétrole.
Dans les années soixante-dix ou quatre-vingt, tout aurait été caché, du moins les détails d’une possible catastrophe économique n’auraient jamais été dévoilés. Aujourd’hui, pas du tout.

L’on nous dit clairement que la crise est un péril, mais d’autres savamment et immédiatement nous rappellent que c’est grâce à la crise que se développera une économie hors-hydrocarbure. Il faudrait savoir ! Faut-il s’en réjouir ou s’en inquiéter ? En réalité, le citoyen lambda n’est pas censé être heureux ou
malheureux d’une telle situation, l’idée c’est qu’il puisse simplement se poser la question indéfiniment, être dans le flou artistique total, l’incertitude, l’interrogation systématique.
« Quand on tire, on tire, on ne raconte pas sa vie », disait le fameux Tuco dans « Le bon, la brute et le truand » à un tueur trop bavard. Cette citation mythique met l’accent sur le sens des priorités que doit avoir une personne perspicace. Et c’est cette perspicacité qu’on veut faire éviter au citoyen. Celui-ci ne doit rien comprendre, il ne doit rien saisir ! Car s’il comprend, il ne s’interrogera plus, il ne « racontera » plus « sa vie », et les priorités referont surface pour lui. Il saura alors que l’heure du changement est venue. Pour cette raison donc nous ne savons toujours pas où nous allons. Et c’est bien dommage. Par Mohamed Salim

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