Le ministre des Moudjahidine et des Ayants-droits, Laïd Rebiga, a affirmé que les manifestations du 11 décembre 1960 ont constitué une étape charnière dans l’histoire de la lutte armée du peuple algérien qui a mis fin au mythe de « l’Algérie française » au double plan interne et externe.
Dans un entretien à l’APS, à l’occasion de la commémoration du 62e anniversaire des manifestations du 11 décembre 1960, M. Rebiga a souligné que ces manifestations « représentent l’une des épopées héroïques édifiantes de notre histoire contemporaine, où le peuple algérien a clamé sa détermination à disposer de son destin et à recouvrer sa souveraineté et sa liberté à n’importe quel prix ».
« Ces manifestations demeureront un évènement exceptionnel dans l’histoire de la Révolution et un repère majeur marquant de fait les exploits héroïques de notre vaillant peuple », a-t-il ajouté.
Le ministre a tenu à préciser que les manifestations du 11 décembre 1960 « sont nées de la matrice du peuple algérien », arguant « qu’à travers la commémoration de ces faits historiques et fêtes nationales, nous œuvrons à mettre en lumière plusieurs volets de notre histoire selon des approches scientifiques, en sus de débattre de problématiques académiques liées à plusieurs sujets en relation avec l’histoire de la résistance populaire, le Mouvement national et la guerre de libération nationale ».
Il a réaffirmé que les publications dans ce domaine « sont très nombreuses » en termes d’impression, de réimpression, de traduction d’ouvrages et de mémoires de symboles historiques parmi les dirigeants et les personnalités, outre les travaux d’historiens, de chercheurs et de journalistes de pays frères et amis sur l’histoire de l’Algérie.
M. Rebiga a également mis en avant « l’importance des témoignages vivants dans l’écriture de l’histoire nationale », préconisant « d’œuvrer à garantir plusieurs supports d’enregistrement sonores et audiovisuels pour étendre le champ d’utilisation et partant permettre aux chercheurs accéder aux vérités historiques.
A ce propos, M. Rebigua rappelé que le ministère des Moudjahidine et des Ayants-droit œuvrait depuis des années à « collecter les témoignages de moudjahidine et de moudjahidate et de ceux qui furent témoins d’évènements historiques et peuvent rapporter des informations et des faits permettant de les extraire à l’oubli ».
« Une démarche réussie dans une large mesure, a-t-il dit, à travers une collecte importante de témoignages en cours de catégorisation, de classement, et de numérisation pour en faire une base de données à exploiter ou à consulter dans tous les travaux de recherche en histoire nationale ».
Le ministre a fait part du lancement de la bibliothèque numérique historique dans les prochains jours pour l’indexation des différents ouvrages, œuvres scientifiques, publications, mémoires, et thèses, liés à l’histoire de l’Algérie ainsi que les témoignages dont dispose le secteur.
Le ministre a, par ailleurs, évoqué le dossier de la mémoire, relevant que la commission mixte d’historiens algériens et français aura « un rôle important dans l’élaboration d’une approche commune concernant tous les dossiers relatifs à la mémoire nationale ».
La commission, qui regroupe 25 historiens algériens reçus récemment par le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, traitera de « toutes les questions relatives à l’ouverture et la récupération des archives et des biens ainsi que la récupération des restes de Chouhada de la résistance populaire outre l’examen des dossiers des victimes des essais nucléaires et des disparus ».
Il a évoqué les résultats auxquels est parvenu le comité scientifique conjoint algéro-français chargé de l’identification des restes mortuaires d’Algériens, conservés au Musée d’histoire naturelle de Paris suite à la récupération des crânes de 24 résistants algériens au mois de juillet 2020, relevant, à cette occasion, la détermination de l’Etat algérien à « obtenir toutes les copies numériques de l’archive algérien de l’époque allant de 1830 à 1962 ».
Le ministre a souligné, dans ce cadre, que « l’intérêt accordé à tous les dossiers et les questions liées à la mémoire en cette conjoncture précise est un devoir national sacré pour la sauvegarde et la préservation de notre identité nationale ».
« L’élément le plus important sur lequel il faut s’appuyer pour mettre en évidence la démarche de l’Etat visant à glorifier les sacrifices des vaillants chouhadas et protéger la mémoire nationale consiste en les instructions du président de la République pour la création d’une commission composée d’historiens et chargée d’examiner le dossier de la mémoire, loin des relations politiques entre l’Algérie et la France, et son insistance sur l’importance de prendre en charge ce dossier avec le plus grand sérieux et persévérance », a-t-il insisté.
Après avoir exprimé sa conviction que les propos du président de la République « étaient claires à ce sujet, notamment lorsqu’il a affirmé que les dossiers de l’histoire et de la mémoire doivent être traités par l’Algérie avec la responsabilité requise dans le traitement objectif et intègre de la question, et ce, dans le souci de relier le présent au passé et d’envisager l’avenir à travers la continuité des générations dans le cadre des principales constantes de l’identité et des composantes de la personnalité nationale ».