L’armée française est en perte libre d’influence en Afrique, notamment dans les pays du Sahel qui, les uns après les autres, chassent les soldats de l’ancienne puissance coloniale.
Ainsi, et à la surprise générale, le Tchad et le Sénégal ont annoncé, jeudi à quelques heures seulement d’intervalles, qu’ils ne veulent plus de présence militaire françaises sur leur territoire, qui n’est pas compatible avec leur souveraineté. Ce jeudi est, en effet, un jour noir pour l’histoire de l’ancienne puissance en Afrique. Le Tchad, dernier pays sahélien à abriter des forces françaises, a annoncé mettre fin aux accords de sécurité et de défense avec Paris, une annonce survenue quelques heures après une visite du chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot.
« Le gouvernement de la République du Tchad informe l’opinion nationale et internationale de sa décision de mettre fin à l’accord de coopération en matière de défense signé avec la République française », a déclaré le ministre des Affaires étrangères tchadien Abderaman Koulamallah sur la page Facebook du ministère. Le Tchad est un maillon clé de la présence militaire française en Afrique, constituant le dernier point d’ancrage de Paris au Sahel après les retraits forcés de ses troupes au Mali, au Burkina Faso et au Niger. « La France est un partenaire essentiel mais elle doit aussi considérer désormais que le Tchad a grandi, a mûri et que le Tchad est un Etat souverain et très jaloux de sa souveraineté », avait relevé un peu plus tôt M. Koulamallah à l’issue une rencontre entre le président Mahamat Idriss Déby Itno et M. Barrot.
Le même jour, la France a trébuché au Sénégal. Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a affirmé que la présence de bases militaires françaises sur le territoire de son pays était incompatible avec la souveraineté nationale. « Le Sénégal est un pays indépendant, c’est un pays souverain et la souveraineté ne s’accommode pas de la présence de bases militaires (étrangères) dans un pays souverain », a dit M. Faye dans cet entretien à l’AFP. Soixante-quatre ans après l’indépendance, « les autorités françaises doivent envisager d’avoir un partenariat dépouillé de cette présence militaire-là, mais qui soit un partenariat riche, un partenariat fécond, un partenariat privilégié et global comme nous l’avons avec beaucoup d’autres pays », a précisé le chef de l’Etat sénégalais. Il a argué que son pays a des relations avec de nombreux pays comme la Chine, la Turquie, les Etats-Unis ou l’Arabie saoudite, sans que ces derniers ne disposent de bases militaires dans le pays.
« Aujourd’hui, la Chine est notre premier partenaire commercial par le volume des investissements et des échanges. Est-ce que la Chine a une présence militaire au Sénégal ? Non. Est-ce que pour autant, on parle de rupture ? Non », a-t-il expliqué.
Les uns après les autres, les pays africains reconsidèrent leur coopération avec la France et n’acceptent plus la présence de militaires français sur leur territoire.
Paris a déjà été contraint d’évacuer ses troupes du Mali, du Burkina Faso et du Niger entre 2022 et 2023 après l’arrivée de nouveaux pouvoirs dans ces trois pays. C’est une page de l’histoire qui se tourne désormais entre la France et l’Afrique .
Farid.H.