Youcef Aouchiche: Le jeune candidat qui bouscule l’ordre établi

Quant en 2004, alors que le leader du Front des forces socialistes (FFS), feu Hocine Aït Ahmed, se trouvait en Algérie pour le 50e anniversaire du déclenchement de la Guerre de libération nationale, l’occasion pour signer une déclaration commune avec feu Abdelhamid Mehri et Mouloud Hamrouche, deux géants de la scène politique, Youcef Aouchiche lui serre la main pour la première fois.
«Quelle spécialité suivez-vous mon fils à la fac ?», lui demanda le  »Zaïm ». Et au jeune étudiant de répondre : «Sciences politiques».Tout juste âgé de 21 ans, l’étudiant à la Faculté des sciences politiques de l’Université d’Alger ne savait sûrement pas qu’il venait d’échanger deux mots avec celui dont il héritera la lourde responsabilité : celle de diriger un parti comme le FFS. 20 ans après, âgé d’à peine 41 ans, le Premier secrétaire national du plus vieux-parti de l’opposition en Algérie, est à la conquête du pouvoir. Il va concourir pour le plus haut poste de responsabilité politique, en se présentant à l’élection présidentielle anticipée du 7 septembre 2024.
Avant d’en arriver là, le natif de Boghni (1983), localité située au sud de la wilaya de Tizi-Ouzou,
a eu un parcours de ce qu’il y a de plus ordinaire pour un candidat à l’élection présidentielle. Après des études universitaires, Aouchiche qui était déjà imprégné de politique et de syndicalisme choisit de défendre «à travers la plume» les plus défavorisés de la société. Il devient ainsi journaliste où il exerce le métier au sein du quotidien «Tribune des lecteurs», entre 2008 et 2012, avant d’intégrer l’Assemblée populaire nationale (APN), en tant qu’attaché parlementaire du parti durant le mandat 2021-2017. Les fonctions qu’il occupait au sein du FFS, particulièrement au sein du pôle Communication sous la direction de feu Chafaa Bouaiche (alors député), l’ont aidé.

Quand Aouchiche commençait à voir grand
C’est là que Youcef Aouchiche a commencé à voir grand malgré son jeune âge. Nommé secrétaire national à la Communication (2013-2016), puis à l’organique jusqu’à 2017, Aouchiche voyait dans les élections législatives qui allaient suivre, une opportunité pour lui de prendre son envole. Hélas, classé 5e de la liste pour la wilaya de Tizi-Ouzou, il ratera de peu la députation (Le FFS ayant gagné 4 sièges). Fort des missions qu’il a eues au sein du parti, en particulier celle de Premier secrétaire national par intérim pour de courtes périodes en 2014 et en 2016, et pour prendre sa revanche, il conduira la liste APW pour les élections locales et devient en 2017 P/APW de Tizi-Ouzou. En 2021, lorsque le président Tebboune avait décidé de dissoudre l’APN et organiser des législatives anticipées,
Aouchiche, déjà Premier secrétaire national du parti, après sa désignation en juillet 2020 par l’Instance présidentielle, voulait coûte que coûte embarquer le FFS dans la course. Mais, le Conseil national finira par prononcer le boycott. Le FFS ira tout de même aux élections locales anticipées de novembre de la même année et c’est lui qui conduira la liste APW, tout en ayant en ligne de mire les sénatoriales qui approchaient. Réélu P/APW en novembre 2021, Youcef Aouchiche se présente aux élections portant renouvellement partiel des membres du Conseil de la nation en février 2022 et devient sénateur de Tizi-Ouzou. Un poste qu’il occupe jusqu’à présent.

A défaut de l’APN, l’APW comme tremplin
C’est dire de l’attachement de l’homme à la participation comme approche pour un parti d’opposition, malgré que par le passé le FFS avait à maintes fois opté pour le boycott des élections, en particulier les présidentielles. Quand le 24 mai 2024, le Conseil national du FFS se réunissait pour décider de la position à prendre vis-à-vis des présidentielles, personne ne s’en doutait de l’issue finale. Oui, le FFS venait de rompre avec le boycott qui aura duré un quart de siècle. Si «les conditions sont réunies», le FFS aura son propre candidat, avait tranché le CN, avant que le parti ne désigne le 07 juin en congrès extraordinaire, Youcef Aouchiche, comme candidat. Cette décision était «un choix stratégique dicté par les exigences de la conjecture actuelle», qui «nécessite de préserver l’unité nationale et de renforcer la cohésion du peuple algérien», avait-il déclaré dans son allocution.
Quant aux objectifs de la participation, le FFS, estime son candidat, veut tirer profit de la campagne électorale pour « réhabiliter le politique et la politique par le débat public, la confrontation saine des idées et des projets et susciter l’implication effective de nos concitoyens». Le parti entend aussi «offrir aux algériennes et aux algériens une alternative politique qui fera émerger un puissant pôle politique patriotique, progressiste, démocratique autour d’un projet de refondation des bases institutionnelles, politiques, économiques, sociales et culturelles du pays».

Présidentielle : pourquoi pas le FFS !
Peut-on comprendre que le FFS ne croit pas en les chances de son candidat de l’emporter ? Il faut admettre que se présenter face au président-candidat, Abdelmadjid Tebboune, qui brigue un deuxième mandat et dont le bilan du premier mandat est «positif» de l’avis de nombreux observateurs, est presque mission impossible.
Mais, visiblement Youcef Aouchiche qui a rencontré le Président à maintes reprises dans le cadre des consultations politiques veut donner au parti une posture d’une formation politique  »fréquentable » envers le pouvoir et en finir avec le statut d’opposition stérile qui ronge la scène nationale.
Le jeune candidat se présente comme un défenseur du débat d’idées et de la confrontation saine des programmes, dans l’intérêt de la nation.
Sa candidature à la présidentielle du 7 septembre constitue pour l’Algérie, un tournant dans l’exercice du politique et la conquête du pouvoir. L’heure de la génération post-indépendance et celle née dans la douleur de la crise économique et de l’ouverture politique est-elle venue ?
Si tel n’est pas le cas pour l’instant, Youcef Aouchiche veut briser un tabou, bousculer l’ordre établi et monter la voie pour ce qui sera, dans quelques années, possible.
Farid B.

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