La pièce « Lehwawi », une adaptation audacieuse du « Chant du cygne » d’Anton Tchekhov, a marqué les esprits lors de sa présentation par le Théâtre régional de Constantine dans le cadre du Festival international du théâtre de Bejaia. Ce festival, qui célèbre la richesse du théâtre, a trouvé en cette œuvre un moment fort grâce à la qualité de son écriture et à l’intensité des performances des comédiens.Écrite par Salaheddine Triki, « Lehwawi » plonge le public dans un univers dramatique où se mêlent le grotesque et le romantique. Au cœur de l’histoire, un artiste virtuose fait face à un constat amer : malgré son talent, il a perdu son public et, par conséquent, la volonté de se réinventer. Ce personnage complexe, incarné par Djamel Mezouari, devient l’emblème de la désespérance artistique. Enfermé dans une loge de théâtre, il est hanté par la nostalgie d’un passé glorieux, sombrant dans l’ivresse pour échapper à une réalité qui l’étouffe.La pièce dépeint avec une grande sensibilité la lutte intérieure de l’artiste, confronté à des conditions de vie précaires et aux comportements parasitaires des personnes qui l’entourent. Ce tableau poignant de l’isolement et du désespoir est à la fois touchant et dérangeant, soulevant des questions sur la valeur de l’art et le rôle de l’artiste dans la société. La décision du protagoniste de quitter ce monde décevant résonne comme une métaphore de l’échec, mais également d’une quête de liberté.Les performances des acteurs, en particulier celle de Djamel Mezouari, ont été acclamées par le public. Mezouari, aux côtés de Salaheddine Triki et Kamel Eddine Ferrad, a su capturer l’essence même du personnage, rendant palpable sa souffrance et son désespoir. Ensemble, ils ont offert une prestation de haut vol, remplie d’émotion, qui a su toucher le cœur des spectateurs.La pièce, déjà très bien accueillie lors de sa première au « Off » à la Maison de la culture, a connu un succès tout aussi retentissant lors de sa représentation au Théâtre Abdelmalek-Bouguermouh. Le public, captivé par l’intensité des émotions et la profondeur des thèmes abordés, a salué l’œuvre avec enthousiasme.En somme, « Lehwawi » se distingue comme une réflexion profonde sur l’art, la mémoire et la solitude, consolidant ainsi sa place dans le paysage théâtral contemporain. Cette adaptation de Tchekhov, réinventée avec brio par Salaheddine Triki, rappelle l’importance de la créativité et de la résilience face aux épreuves de la vie .
R.C.