Face au danger que représente l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir en France, à l’occasion du deuxième tour des législatives anticipées, prévu le 7 juillet, la Grande Mosquée de Paris s’invite dans le débat et appelle à barrer la route au Rassemblement national qui menace la cohésion sociale et les valeurs de la République. Pour Chems-eddine Hafiz, Recteur de la Grande Mosquée de Paris, les résultats du premier tour des élections législatives «révèlent que les discours de division et de haine trouvent une résonance inquiétante parmi une frange de nos concitoyens». Dans un billet publié, hier, sur le site de son »institution » religieuse, il estime impératif que les Français prennent «conscience des implications de cette montée». «Derrière le vernis des promesses se cache une réalité qui, si elle venait à s’imposer, fracturerait notre société. Le discours du Rassemblement National, en prétendant offrir des issues simples à des problèmes complexes, joue sur les peurs et les ressentiments. Il ne propose pas de véritables solutions, mais crée plutôt des boucs émissaires, divisant ainsi notre communauté nationale», écrit Chems-eddine Hafiz. Emboîtant le pas à une récente tribune à »La Croix », signée par 10 000 Chrétiens, dont des représentants protestants et plusieurs prêtres, qui ont appelé à voter massivement contre le RN de Jordan Bardella et de Marine Le Pen, le premier responsable de la plus grande institution musulmane en France, en appelle à tous les fidèles.
«Dans ces moments décisifs, nos fidèles, qu’ils soient musulmans, catholiques ou d’autres confessions, attendent de leurs guides spirituels une orientation éthique sans équivoque », souligne-t-il, estimant «impératif que toutes les institutions ne restent pas silencieuses ou indécises, mais prennent la parole pour contrer cette montée pernicieuse de l’extrême droite ».
A contrario, ne pas faire front à cette menace, « c’est ouvrir la voie à l’obscurantisme et à la propagation de la haine », met en garde Hafiz pour qui l’enjeu du deuxième tour des législatives « est d’une importance capitale ». Et indépendamment des différences entre communautés religieuses, ces dernières «partagent un destin commun sur cette terre de France », dit-il, avant d’exprimer sa « consternation » contre Bernard-Henri Lévy pour qui « mettre l’antisémitisme et l’islamophobie sur le même plan, c’est dégueulasse ». «Non, il n’y a pas de hiérarchie des discriminations. Elles sont toutes à combattre quand elles broient la dignité de l’homme », lui a-t-il répondu. Affirmant enfin que l’histoire a montré que «lorsque nous restons silencieux face à l’injustice et à la haine, les conséquences peuvent être désastreuses », Chems-eddine Hafiz lance un ultime appel à tous les citoyens à «ne pas laisser
l’extrême droite dénaturer la République ». «Pour le second tour, mobilisez-vous, faites entendre votre voix en votant pour des candidats qui respectent et défendent les valeurs de notre démocratie. Chaque vote compte pour empêcher l’ascension de ceux qui veulent diviser notre nation », a-t-il conclu sans aucune autre consigne précise pour le choix des électeurs .
Farid B.
Pour barrer la route du pouvoir à l’extrême droite :L’appel de la Grande Mosquée de Paris aux français
