Maroc :Le règne de Mohamed VI à l’épreuve de la désillusion

Vingt-cinq ans après l’avènement du roi Mohamed VI, le bilan de son règne semble en demi-teinte aux yeux de nombreux observateurs. C’est le constat amer dressé par le quotidien espagnol El Independiente, qui donne la parole au journaliste d’investigation marocain Hicham Mansouri, figure de la dissidence exilée.
Pourtant, en accédant au trône en 1999, le nouveau souverain avait suscité l’espoir d’une ère de réformes et d’ouverture, en rupture avec les années de plomb de la fin du règne d’Hassan II. Mais selon Mansouri, cette « période de modernité » n’aura été qu’un leurre de courte durée.
Le journaliste dénonce ainsi la recrudescence des atteintes aux libertés publiques et aux droits humains à partir de 2014, marquée par « l’emprisonnement des journalistes, militants et voix dissidentes » sur la base d’accusations souvent « fabriquées ».
Une répression musclée visant à « étouffer tout contre-pouvoir » selon ses dires.
Symbole de cette dérive autoritaire, le logiciel espion Pegasus, outil d’une surveillance de masse des opposants et de la société civile. Une regrettable régression qui fait des dernières années « l’ère des occasions manquées » pour le règne de Mohamed VI, déplore Hicham Mansouri.
Au-delà de cette dérive sécuritaire, le journaliste exilé pointe également du doigt l’échec des grands projets économiques et sociaux censés impulser la modernisation du Royaume. A l’image du TGV ou du « Plan Vert » agricole, des investissements pharaoniques qui n’auraient profité qu’aux plus fortunés selon lui. Un constat alarmant, celui d’une promesse de renouveau trahie au fil des années, qui souligne la persistance d’un « makhzen » omnipotent verrouillant toute velléité de changement. Un règne à deux visages qui, pour beaucoup, aura fait rapidement place au désenchantement.

Khemissi.M

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