La sécurité alimentaire est une priorité fondamentale dans la feuille de route stratégique du président algérien, Abdelmadjid Tebboune. L’agriculture occupe une place de choix dans ses engagements électoraux, en particulier le développement des cultures stratégiques telles que les céréales, les légumineuses et les oléagineux. Selon Tarik Hartani, coordinateur du comité de réflexion sur le développement des cultures céréalières et directeur de l’École Nationale Supérieure d’Agronomie d’Alger (ENSA), le Chef de l’État accorde une attention particulière à l’extension de ces cultures dans le Grand Sud du pays. Pour atteindre l’autosuffisance alimentaire, la feuille de route présidentielle met en place une stratégie progressive visant à surmonter les contraintes et obstacles qui ont entravé le développement des filières stratégiques. Cette approche s’articule autour de plusieurs étapes clés, adaptées aux spécificités géographiques et climatiques de chaque région. Tout d’abord, il s’agit d’identifier les zones hydro-géographiques propices à ces cultures, en répertoriant les contraintes spécifiques à chacune d’entre elles. Ensuite, la stratégie prévoit la mise en place de matériel agricole adapté à chaque type de superficie cultivable, ainsi que l’accompagnement des agriculteurs par un consulting dédié. L’introduction de l’ingénierie et de la technicité, notamment pour l’agriculture saharienne, est également cruciale.
Le Grand Sud, bouclier de la sécurité alimentaire
D’ici 2030, le Grand Sud algérien est appelé à devenir le bouclier protecteur de la sécurité alimentaire nationale. Cependant, l’agriculture saharienne nécessite des moyens importants et robustes, reposant essentiellement sur l’irrigation totale. L’objectif ambitieux est de produire trois millions de tonnes de blé, ce qui implique une maîtrise complète des techniques d’irrigation et de la technicité associée.
La saison agricole 2023 a été riche en enseignements, permettant d’identifier les actions nécessaires pour améliorer la production tout en tenant compte des aléas climatiques spécifiques à chaque région, comme les vents violents et les crues soudaines.
Les agriculteurs ont réalisé de bons résultats, mais il reste à améliorer la qualité des semences pour valoriser la productivité. L’Algérie est désormais autonome en matière de production de semences, facilitant ainsi l’accès des agriculteurs à des semences saines et à des engrais dans les délais appropriés. Parallèlement, l’augmentation de la superficie irriguée, actuellement de 300 000 hectares sur les 30 millions d’hectares cultivables au Sud, est une voie prometteuse vers l’autosuffisance en céréales.
Le rôle clé de l’ODAS
L’Office de Développement de l’Agriculture Saharienne (ODAS) joue un rôle central dans cette stratégie, en contribuant à l’essor des superficies irriguées au Sud.
La prochaine saison agricole s’annonce encore plus prometteuse que la précédente, à condition d’éviter les coupures d’électricité et les pénuries d’engrais pour les agriculteurs. Cela permettrait d’atteindre progressivement l’autosuffisance en blé dur dans un premier temps. Enfin, une gestion optimale des ressources en eau souterraine est indispensable pour une irrigation efficace. Cela nécessite des données fiables et précises, dépassant les approximations actuelles, afin de valoriser pleinement le potentiel hydrique du pays. La stratégie algérienne pour la sécurité alimentaire repose ainsi sur une approche globale et progressive, adaptée aux spécificités régionales, et mobilisant tous les acteurs concernés pour assurer un développement agricole durable et une autosuffisance alimentaire à long terme .
Malik.M..