AGhardaïa, lorsque les premières chaleurs estivales embrasent le désert, c’est l’effervescence sur les étals des souks. Le M’naguer, cette datte précoce et sucrée, fait son apparition tant attendue, attirant tous les regards des fins gourmets.
Fraîchement cueillie à la main dans la région la plus torride d’Algérie, le Tidikelt, cette variété très prisée suscite l’engouement des consommateurs ghardaïens. Sa récolte relève d’un véritable exploit, explique El Hadj Bachir, commerçant spécialisé : « La cueillette est un travail physique éprouvant qui peut durer des jours. Elle se fait régime par régime, brindille par brindille, par un grimpeur qui risque sa vie dans les palmiers. »
Mielleuse, dorée, avec un léger goût acidulé, la datte M’naguer est proposée à des prix oscillant entre 550 et 700 DA le kilo selon sa qualité. Une denrée de choix qui vaut bien son prix au vu de sa fraîcheur et de son goût incomparable. Dès son arrivée sur les étals, on se l’arrache littéralement. Achetée en petites quantités, elle est offerte en guise de « Fel », un présage de douceur et d’abondance pour la saison à venir.
« Le M’naguer est un produit très prisé mais aussi très fragile, vulnérable au climat. Il doit être consommé dans les 3 jours après la cueillette » souligne El Hadj Bachir. Une courte fenêtre de délice qui alimente chaque année les ruées sur ces dattes de rêve. Signe des temps, leur murissement serait même devancé par le réchauffement climatique selon certains observateurs.
Si le M’naguer réjouit les papilles, il fait également le bonheur des marchands qui l’écoulent à la hâte. « C’est une véritable source de croissance et de revenus complémentaires pour nous » se réjouit un vendeur. Cette datte fraîche détrône même momentanément ses cousines stockées, au grand dam des spéculateurs. Ainsi, quand le M’naguer débarque, c’est tout un rituel qui s’installe quelques semaines à Ghardaïa. Un avant-goût savoureux des délices que réservent encore les palmeraies du Sud algérien .
L.C.
