Entre Alger et Paris, les relations ne cessent de se compliquer. Déjà en froid depuis l’alignement aveugle, fin juillet, d’Emmanuel Macron sur le prétendu plan d’autonomie marocaine au Sahara occidental, l’Algérie et la France vivent depuis des semaines au rythme d’une polémique autour de l’arrestation de l’écrivain Boualem Sansal, et les récentes révélations d’un jeune sur l’implication des services secrets français dans des tentatives de déstabilisation interne. Ce qu’Alger n’admet en aucun cas puisqu’elle vient de le faire entendre à l’ambassadeur de France en Algérie.
En effet, Stéphane Romatet «a été convoqué au ministère des Affaires étrangères, la semaine dernière» pour lui signifier «la ferme réprobation des plus hautes autorités algériennes face aux nombreuses provocations et actes hostiles français en direction de l’Algérie». Des agissements qui «ne sauraient rester sans conséquences», selon des »sources diplomatiques crédibles », citées hier par le quotidien étatique El Moudjahid.
Ce rappel à l’ordre d’Alger se veut une manière de répondre, d’abord en usant des règles diplomatiques loin de l’invective qui caractérise les plateaux de chaînes télé françaises actionnées comme une meute pour s’attaquer à l’Algérie et à sa souveraineté depuis l’arrestation en novembre de Boualem Sansal.
Mais, au-delà, il était utile de montrer aux autorités françaises les limites à mettre à cette campagne et autres tentatives qui visent la souveraineté du pays. Certainement, Alger sait que le diplomate français rapportera à Paris en intégralité «les phrases» qui lui ont été dites en face au ministère algérien des AE. En agissant enfin de la sorte, l’Algérie semble expliquer à la France que désormais, il n’y a que la relation d’Etat à Etat qui tient dans un cadre purement d’échanges et d’intérêts communs loin des idées de tutelle que veulent imposer les nostalgiques de l’Algérie française, et l’extrême droite en France. Il y a eu une époque où la ligne El-Mouradia-Elysée fonctionnait à merveille.
Ce temps semble révolu, depuis fin juillet lorsque les hautes autorités du pays avaient décidé du rappel immédiat de l’ambassadeur d’Algérie à Paris, au lendemain de la reconnaissance par Macron dans une lettre à «sa» majesté M6 de « la marocanité » des territoires du Sahara occidental, inscrits pourtant au niveau de l’ONU au chapitre des décolonisations. Après l’affaire des armes en provenance de France saisies au port de Bejaia, les provocation récurrentes de l’ancien ambassadeur Xavier Driencourt, le tollé médiatique et déclarations mensongères suivant l’arrestation de Sansal et les confession sur l’implication de la DGSE dans des tentatives de déstabilisation de l’Algérie, il était donc temps pour Alger d’avertir Paris et de mettre fin à ses agissements.
Reste à savoir si après la convocation de Romatet au département des AE, les lignes vont bouger du côté de la France pour essayer de corriger ce qui reste à corriger ou, va-t-on assister à une nouvelle escalade d’un autre degré entre les deux pays ?.
Karim.L.