La médiation algérienne, un pont vers la paix au Sahel

La crise au Niger a commencé lorsque l’armée a pris le pouvoir par la force et a déposé le président élu, Bazoum Mohamed, un certain 26 juillet 2023. Depuis, beaucoup d’évènements politique et diplomatique ont survenu sur la scène régionale et internationale. Comme de nombreux pays, ainsi que l’ONU, l’Algérie avait condamné le coup d’état militaire et a appelé au retour de la légitimité au pouvoir.

La réaction des pays de la Cédéao et de la France était tout autre. Ces pays avaient menacé d’intervenir militairement si le pouvoir militaire à Niamey ne rétablissait pas le président Bazoum dans ses fonctions. Une grande tension avait régné, alors, dans le Sahel, lorsque le Mali et le Burkina Faso décidaient d’apporter leur soutien au régime militaire et de riposter avec force en cas où le Niger serait attaqué. Des touches et des rencontres diplomatiques ont été entreprises par des membres de la Cédéao à Niamey mais sans résultats probants. Isolé et sanctionné économiquement par les pays de la Cédéao, les militaires au pouvoir au Niger résistent à toutes les pressions et décident de l’expulsion de l’ambassadeur de France à Niamey et du départ des soldats français du territoire nigérien.

C’est alors que l’Algérie, pays frontalier avec le Niger, avait décidé, le 29 août dernier, de lancer un plan de paix en six points pour éviter toute confrontation militaire dans la région qui aurait eu de lourdes conséquences dans le Sahel. A cet effet, le président Abdelmadjid Tebboune avait dépêché le ministre et le secrétaire général des affaires étrangères auprès de la Cédéao et du Niger pour privilégier une solution pacifique et éviter le recours à la force. L’initiative de la diplomatie algérienne était d’empêcher la confrontation militaire et l’intervention étrangère, et aussi expliquer aux antagonistes qu’il y avait de la place pour une sortie politique de la crise.

Plus de deux mois après le coup d’état militaire, rien ne se passe et la paix semble prendre le pas sur la guerre. La voie choisie par l’Algérie a été certainement prise en considération par le Niger, les pays de la Cédéao et la France. Cette dernière, sous la pression du nouveau pouvoir nigérien, décide de rappeler son ambassadeur à Niamey et accepte le départ de ses soldats installés au Niger. Après cet épisode, l’Algérie, qui est opposée à toute intervention étrangère mais aussi attachée au retour à l’ordre constitutionnel, reçoit le feu vert de Niamey en acceptant  la médiation du gouvernement algérien pour la résolution de cette crise au Niger.

Le ministère nigérien des affaires étrangères est disposé à examiner la proposition de sortie de crise de l’Algérie, ce qui prouve que le Niger opte pour une solution politique au détriment d’une confrontation militaire. Bien que le pouvoir militaire de Niamey ne soit pas encore d’accord sur la durée de transition de six mois, les négociations des deux parties en conflit, sous la médiation algérienne, vont pouvoir aplanir ces désaccords politiques et arriver à une solution pacifique pour les intérêts du Niger et des pays de la région.

Cette initiative algérienne a été soutenue par de nombreux pays, soucieux de la détérioration de la situation sécuritaire et sociale dans la région du Sahel en cas de conflit. L’acceptation de la médiation algérienne par le Niger est une victoire de la diplomatie algérienne et de la paix dans la région. L’Algérie a pris une initiative diplomatique de haut rang dans la résolution pacifique de cette crise et a certainement évité une guerre au Niger.

Rachid Moussaoui.