Prolongement naturel du territoire national, l’Afrique devient le centre d’intérêt de la diplomatie algérienne qui opère actuellement un grand déploiement. L’Algérie se déploie politiquement et diplomatiquement et pèse de tout son poids dans certains dossiers comme celui d’empêcher d’accorder le statut d’observateur à l’entité sioniste au sein de l’Union africaine (UA) et même économiquement en explorant plusieurs marchés dans plusieurs pays et en se préparant à ouvrir des agences bancaires dans certains pays.
C’est dire l’importance qu’accorde le pays quant à la place qu’il doit occuper dans ce continent et au rôle qu’il doit jouer dans les grandes questions qui l’engagent.
Sur le plan économique toujours, avec sa ramification stratégique de l’énergie notamment du gaz naturel, Alger veut jouer un rôle de premier plan, en témoigne son instance sur l’aboutissement du gazoduc transsaharien avec le Niger et le Nigéria.
D’ailleurs, les ministres de l’énergie des trois pays se sont rencontrés cette semaine à Abuja et sont convenus de concrétiser la réalisation du projet dans les plus brefs délais. Il s’agit d’une infrastructure géante de portée internationale, permettant l’approvisionnement de l’Europe en gaz naturel et le développement socio-économique de ces trois pays.
D’une longueur de 4 128 km dont 1 037 km en territoire nigérian, 841 km au Niger et 2 310 km en Algérie, ce gazoduc va relier les champs gaziers du Nigeria (à partir de Warri), en passant par le Niger, à la frontière algérienne, pour se raccorder au réseau algérien. Il permettra d’écouler la production gazière nigériane notamment sur les marchés européens. Il peut être réalisé en trois ans et permettrait de transporter 20 à 30 milliards de mètres cubes de gaz depuis le Nigeria. Responsables et experts s’accordent à dire que ce projet est plus sûr et économiquement viable, contrairement à d’autres projets à risques qui sont proposés ici et là et dont la viabilité économique reste à prouver.
Pour les experts, la réalisation de ce gazoduc est à la portée des pays concernés, d’autant plus qu’il bénéficie des opportunités offertes par l’Algérie en termes d’infrastructures à travers le réseau de transports, les stations de gaz naturel liquéfié (GNL) et les infrastructures de pétrochimie, ainsi que la position géographique proche des marchés de gaz. Selon les estimations financières établies lors de son lancement en 2009, le coût d’investissement de ce projet était estimé à 10 milliards de dollars.
La réalisation de ce projet consolidera la place de l’Algérie sur le marché gazier international. En parallèle, la diplomatie algérienne, conduite par le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a entamé une opération de grand redéploiement dans le continent.
En qualité d’envoyé spécial du chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, M. Lamamra a effectué ces derniers jours une tournée dans plusieurs pays africains. Il s’est rendu ces 17 et 18 juin respectivement en Ouganda et au Rwanda. Auparavant, il a visité la Tunisie.
Le 14 juin, il avait annoncé que l’Algérie abritera en mai 2023 la 20e réunion des ministres des Affaires étrangères africains et leurs homologues des pays nordiques.
« La décision a été prise au terme d’une séance à huis clos durant laquelle plusieurs ministres africains, notamment du Niger, de l’Afrique du Sud, du Nigeria et de la Tanzanie ont proposé, dans le cadre de la pratique de rotation gouvernant le fonctionnement de ce Groupe, que l’Algérie abrite et dirige les travaux de la 20e édition prévue l’an prochain », avait expliqué un communiqué du ministère. Il faut dire que l’Algérie accélère actuellement les préparatifs du prochain sommet de la Ligue arabe qui aura lieu à Alger début novembre prochain.
Fateh H.