La région de Ghardaïa a marqué en lettres d’or, à l’instar du reste des régions du pays, l’histoire de l’Algérie, avec ses nombreux mouvements de résistance populaire menés contre l’invasion coloniale pour recouvrer la liberté et la souveraineté nationale.
« De grandes épopées engageant des moudjahidine et militants de tous horizons du pays, guidés par leur foi et la ferme volonté d’arracher l’indépendance, ont eu pour théâtre cette région du Sud du pays à l’effet de débusquer l’ennemi et déjouer ses plans visant sa mainmise sur le territoire national », a déclaré à l’APS l’enseignant d’histoire à l’université de Ghardaïa, Abd-El-Djalil Mellakh.
Il a, à ce titre, rapporté que la grande bataille d’Afrane, menée le 28 août 1957 dans la région de Metlili, 40 km Sud de Ghardaïa, a marqué le premier affrontement entre les Moudjahidine et les forces coloniales durant laquelle sont tombés en martyrs Mokhtar Rouibah, Abdallah Othmani, issus de la région de Guerrara, Mohamed Berrghayed et Bouras, de la région de Metlili, et Hakoum Belekehal d’El-Ménéa.
Prélude à moult actions militaires, dont celles d’El-Atteuf, le 25 octobre 1957, de Djebel-Boulâama, le 3 décembre 1959, près de la région de Sebseb, Sud de Ghardaïa, en sus d’autres opérations et assauts menés dans les régions de Dhaya Bendahoua, Châabet En-Nichane et Metlili, la bataille « Benlatreche » a été un haut fait d’armes, le 6 octobre 1961 dans la région de « Ksar Mélika », un des vieux Ksour de la pentapole de la vallée du M’zab.
Selon des sources historiques, cette bataille a été planifiée par six Moudjahidine, sous le commandement de l’officier Sid Ahmed Taleb, en compagnie du lieutenant Saïd Abadou, le sous-lieutenant Lâabed Zeroual et le caporal Moussa Souilem, ainsi que des Djoundis Lakhdar Bakraoui et Mohamed Lazrag.
Une épopée délivrant le Sud du pays de l’étau colonial
Cette épopée avait pour but de desserrer l’étau imposé par l’occupant autour de la région et du Sud du pays en général et de mettre, ainsi, en échec les desseins de l’ennemi visant à asseoir sa domination sur le Sahara algérien, à le séparer du reste du pays et à spolier ses richesses.
Dépêchée par le commandant de la wilaya VI Historique, Mohamed Châabani, l’officier Ahmed Taleb s’était rendu, en compagnie de ses compagnons d’armes, dans la région pour éveiller la conscience des citoyens sur ces velléités coloniales de séparer le Sud du reste du pays et les sensibiliser à adhérer à la révolution armée.
Selon les témoignages du Moudjahid Lakhdar Bakraoui rapportés lors des travaux d’un séminaire national initié récemment à Ghardaïa, l’action de ce groupe de moudjahidine a été entamée depuis la région de Guerrara, à une centaine de kilomètres au Nord de Ghardaïa, par l’organisation de commissions révolutionnaires (Moussabiline et Fedayine), avant de rallier la région de Ghardaïa, assiégée par des barrages dressés par l’ennemi français pour barrer la route aux Moudjahidine.
Ces derniers avaient été instruits, selon M. Bakraoui, d’inciter les citoyens à adhérer à l’action militante, à nouer des relations avec les cellules de la révolution et à collecter des fonds pour l’action armée.
Et M.Bakraoui d’ajouter : alertés de leur poursuite par l’ennemi, les Moudjahidine missionnaires, accompagnés par Bakir Abou El-Hacen, avaient trouvé refuge chez Hadji Zelahbi du vieux Ksar Melika, au lieu-dit « Benlatreche », pas loin de la ville de Ghardaïa, signifiant à l’occupant que la révolution s’étendait bel et bien dans la région et était omniprésente dans tout le territoire national y compris la région du Sud du pays.
Se sachant encerclés par les forces coloniales, informées de leur présence, les moudjahidine ont procédé, sur ordre du commandant Ahmed Taleb, à l’incinération des documents confidentiels qu’ils détenaient pour ne pas tomber entre les mains de l’ennemi et, partant, épargner les Moussabiline et autres Fidayine des représailles.
Poursuivant son récit, le moudjahid Bakraoui a relaté que « les moudjahidine, refugiés dans la cave d’une mosquée, ont été surpris, le vendredi 6 octobre 1961, par les forces coloniales qui ont recouru, pour les débusquer, à une bombe lacrymogène. Le Moudjahid Taleb Ahmed était le premier à riposter éliminant sur le coup deux soldats français et ouvrant un accrochage qui s’est soldé par des morts et des blessés dans la soldatesque coloniale ».
En guise de représailles, les forces coloniales ont usé de l’aviation, bombardant le lieu, un raid lors duquel est tombé en martyrs le commandant Taleb Ahmed, tandis que ses compagnons, gravement blessés, ont été faits prisonniers.
Bien qu’ils aient été blessés, les Moudjahidine incarcérés, Lâabed Lazrag, Mohamed Zeroual, Lakhdar Bakraoui, Moussa Souilem et Saïd Abadou ont subi tortures et interrogatoires, selon les mêmes témoignages.
La wilaya de Ghardaïa commémore, en ce 69ème anniversaire de la révolution du 1er Novembre 1954, la bataille de « Benlatrache » par l’organisation, à l’initiative du bureau de l’Organisation nationale des Moudjahidine (ONM), une panoplie d’activités dont des conférences et des visites aux sites théâtres des hauts faits de la guerre de libération par souci de faire connaitre aux générations montantes les sacrifices consentis par les Chouhada pour le recouvrement de la souveraineté nationale.