Dossier mémoriel entre l’Algérie et la France: Ce qui reste à faire

Le dossier de la mémoire entre l’Algérie et la France enregistre des évolutions palpables, allant dans le sens de la reconnaissance des crimes coloniaux, mais beaucoup reste à faire.
Après plusieurs pas accomplis par le président français, Emmanuel Macron, reconnaissant et regrettant de nombreux actes commis par l’ancienne puissance coloniale, allant de la restitution de crânes d’Algériens, conservés depuis le 19ème siècle au Muséum d’histoire naturelle, à la reconnaissance de l’assassinat de l’avocat Ali Boumendjel, une nouvelle étape vient d’être franchie. Il s’agit de la condamnation, par le Parlement français, dans une résolution soutenue par le gouvernement, du massacre des Algériens du
17 octobre 1961 à Paris. Macron avait déjà dénoncé ce massacre le qualifiant de crime inexcusable mais sans l’assumer. Avec le texte législatif, c’est l’Etat français qui fait un pas vers la reconnaissance de ce qui s’est passé le 17 octobre 1961 à Paris.
En ce jour funeste, des milliers d’algériens ont manifesté dans la capitale française contre un couvre-feu qui visait les maghrébins. La réponse de la police française était une répression sauvage de la manifestation, provoquant un véritable massacre. Des centaines de manifestants ont été blessés et des centaines ont été tués, dont plusieurs jetés
dans la Seine. Depuis, la France refuse d’assumer
sa responsabilité dans ce crime alors que l’Algérie ne cesse de le réclamer. Porté par une député écologiste et notamment signé par le président du groupe Renaissance, le texte adopté par l’Assemblée nationale souhaite l’inscription d’une journée de commémoration du massacre du 17 octobre 1961 à l’agenda des journées nationales et cérémonies officielles.
Il a été voté par 67 voix contre 11.
La résolution « condamne la répression sanglante et meurtrière des Algériens commise sous l’autorité du préfet de police Maurice Papon le 17 octobre 1961 ». L’un des objectifs de cette résolution est de faire toute la lumière sur un événement tragique, longtemps occulté de l’histoire officielle en France, et contribuer ainsi au travail de mémoire.
Le représentant du gouvernement a rappelé les actions menées par Emmanuel Macron depuis 2017 pour « travailler à la pacification de la mémoire de la guerre d’Algérie », citant la création d’une commission mixte d’historiens.
Après des réunions tenues à Constantine et à Paris, cette commission a adressé début février dernier des propositions aux présidents algérien Abdelmadjid Tebboune et français Emmanuel Macron qui visent à traiter les litiges sur l’Histoire entre les deux pays. Elle a proposé, parmi d’autres recommandations, la « restitution de 5 mètres linéaires d’archives de l’Algérie à l’époque ottomane, ainsi que la remise de 2 millions de documents numérisés des archives nationales d’outre-mer ». Même si des évolutions positives sont enregistrées dans le dossier de la mémoire entre Algérie et Paris, beaucoup reste à faire, estiment
les historiens. Parmi les dossiers lourds qui restent à traiter et que l’Algérie réclame, celui des essais nucléaires. Tout cela intervient à quelques mois de la visite attendue du président algérien en France, annoncée pour fin septembre ou début octobre prochain.

Fateh.H.

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