Le dossier de la mémoire entre l’Algérie et la France, objet de tensions par le passé, semble évoluer dans la direction voulue dans les gouvernements des deux pays.
En effet, la Commission mixte d’historiens algériens et français chargée du dossier de la mémoire, désignée par les deux chefs des deux pays, est en réunion à Alger ; sa cinquième rencontre de travail depuis sa mise en place au début de l’année 2023. Cette rencontre, devant durer cinq jours, sera une occasion pour les membres de cette instance d’avancer dans le traitement des axes du travail arrêtés depuis leur deuxième réunion tenue à Constantine. Les historiens des deux pays tenteront de finaliser le dossier en prévision de la prochaine visite du chef de l’Etat algérien en France, annoncée pour fin
septembre ou début octobre prochain.
La nouvelle rencontre doit être précédée d’une série de visites dans des lieux historiques en Algérie, entre le 21 et 23 mai, comme ce fut le cas pour la précédente qui s’est tenue à Paris. Les deux délégations algérienne et française devront visiter des musées, des lieux de mémoire, comme La Casbah d’Alger, ainsi que des lieux où ont lieu les enfumades durant le XIXe siècle, notamment à Laghouat. Ce nouveau rendez-vous sera aussi une opportunité pour dissiper les malentendus entre les deux parties, surtout que les «Français commencent à comprendre l’importance de la mémoire chez nous». Alors que les relations politiques et diplomatiques se sont apaisées, le dossier de la mémoire progresse, selon l’ancien Premier ministre français, Dominique de Villepin, qui a animé une conférence il y a quelques jours à l’université d’Alger. Alger n’entend pas abandonner ses demandes en la matière. Dans son message à l’occasion des
évènements du 8 mai 1945, le président Tebboune avait affirmé que « le dossier de la mémoire est
inaliénable et imprescriptible, ne peut faire l’objet de concession ou de marchandage ». Il a ajouté
qu’il restera « au centre de nos préoccupations », jusqu’à ce qu’il jouisse d’un « traitement objectif, audacieux, qui rende justice à la vérité historique ». Lors de sa récente conférence à Alger, l’ancien Premier ministre sous Chirac, Dominique de Villepin a souligné qu’il y a des obstacles parfois difficiles à surmonter mais, a-t-il précisé, « à chaque étape, nous progressons ». Selon lui, le Président français Emmanuel Macron est allé plus loin que tous les anciens Présidents de la France, franchissant une étape supplémentaire en reconnaissant la responsabilité de son pays dans certains évènements, citant le cas de Maurice Audin et de l’avocat Ali Boumendjel. « Nous avançons pas à pas. Étape par étape, nous sommes capables de regarder ce qui s’est passé (durant la colonisation) en face.
Le chemin doit être poursuivi et nous devons travailler ensemble pour l’avenir », a-t-il plaidé. Soutenant que le temps de la présentation des excuses arrivera, il a appelé à opérer étape par étape.
Fateh H.