Le ministre du Commerce Kamel Rezig est dans l’œil du cyclone. Depuis la publication, par l’agence officielle, d’un commentaire où il est question de la colère du Président, qui « quand il insiste sur la protection de la production nationale, certains comprennent protectionnisme », le ministre du Commerce est ciblé à la fois par les parlementaires et les opérateurs économiques.
Ainsi, et c’est une première depuis les dernières élections législatives, l’APN s’est attaqué ouvertement à un membre du gouvernement accusé d’avoir transgressé le caractère sacré de l’institution constitutionnelle d’une manière qui ne convient pas à un membre du gouvernement.
En effet, le bureau de l’APN a déploré ce qui s’est passé lors de la dernière séance des questions orales lorsque le ministre du Commerce a transgressé les normes établies et les règles de bienséance lors de sa réponse à l’un des députés.
«Le ministre a transgressé le caractère sacré de l’institution constitutionnelle d’une manière qui ne convient pas à un membre du gouvernement et a accusé l’APN d’obstruction et de négligence concernant des questions que la Constitution a pourtant tranché», s’est indignée l’institution parlementaire.
Tout a commencé lorsque le député en question avait dénoncé le retard pris par le ministre pour répondre à une question qu’il a posée, il y a dix mois, et déploré une « humiliation ». En réponse, le ministre lui a demandé de retirer ses propos qu’il a jugé « inacceptables ».
«Cela se produit à un moment où les relations entre l’APN et le gouvernement sont caractérisées par l’harmonie et le respect mutuel, chacun cherchant à consacrer le principe de complémentarité et de coordination entre les deux institutions et la coopération dans la mise en œuvre du programme prometteur du président de la République», a ajouté l’APN qui prend ainsi la défense de son membre en s’attaquant au ministre.
Ce dernier se trouve dans une position complètement inconfortable, puisqu’il est ciblé en même temps par les opérateurs économiques.
Le président de l’Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), Ali Bey Nasri, a soutenu que « les instructions du président de la République portant sur la nécessité de la rationalisation des importations sont mal interprétées ». « Le président a insisté sur la protection de la production nationale. Or, il y a un grand décalage sur l’application de ses instructions», a-t-il estimé.
Ali Bey Nasri a critiqué la gestion de la plateforme mise en place par le ministère du Commerce pour la gestion des importations des produits destinés à la revente en l’état.
Selon lui, il y a des produits qui ne sont pas produits en Algérie et qui font l’objet d’une restriction, citant le cas de la pièce de rechange automobile.
«Tout le monde sait qu’il y a une pénurie de pièces de rechange automobile. Ces produits, qui ne sont pas produits en Algérie, sont pourtant soumis au passage par la plateforme (…) Il n’y a pas une vision claire et précise sur l’offre et la demande pour pouvoir accorder des autorisations d’importation», a-t-il dit.
Kamel Rezig est donc dans une véritable tourmente.
Fateh H.