En Algérie, la révision de l’Accord d’association avec l’Union européenne (UE), signé en 2002 et entré en vigueur en 2005, occupe le devant de la scène. La question prend toute son importance après les déclarations du chef de l’Etat, annonçant la révision de l’accord en 2025, et celles du ministre des Affaires étrangères qui a livré la vision du pays pour l’avenir de ce partenariat.
Les économistes, eux aussi, estiment que le temps de revoir cet accord est arrivé.
Le contexte spécifique de l’époque dans lequel la signature de l’Accord d’Association a eu lieu en 2002, coïncidait avec la fragilité de l’économie nationale qui venait de sortir du contraignant programme d’ajustement structurel (PAS) passé avec le FMI, un endettement extérieur élevé ainsi que des cours du pétrole brut très bas, explique l’économiste et expert financier Brahim Guendouzi.
Il fait observer qu’au cours des années qui ont suivi l’entrée en vigueur de l’Accord d’Association en 2005, l’économie algérienne a pris un autre virage, dans le contexte de l’amélioration des recettes pétrolières, privilégiant plus l’acte d’importer plutôt que celui d’investir dans la production ainsi que de la diversification de son tissu économique et de ses exportations.
« Aujourd’hui, la conjoncture actuelle se caractérisant par des évolutions majeures aussi bien dans l’Union européenne qu’en Algérie, et que l’accord n’étant pas figé dans le temps, aller vers sa révision en 2025 contribuerait à approfondir les domaines de coopération, de mettre à jour les conventions commerciales dans l’esprit du libre-échange, de coordonner les actions en matière de changement climatique et de transition énergétique. Il y a lieu d’approfondir la coopération dans les domaines scientifiques et techniques dans l’intérêt mutuel, particulièrement dans le cadre du processus de décarbonation des activités économiques à l’horizon 2050 », soutient l’économiste. Paradoxalement, l’ambition initiale de l’Algérie dans l’Accord d’Association avec l’Union européenne, était précisément de préparer le terrain pour l’accès des produits manufacturiers algériens sur les marchés européens ainsi que l’attractivité pour les investissements directs étrangers (IDE) d’origine européenne. Après une dizaine d’années de mise en œuvre des principales clauses de l’accord, un bilan partiel a été fait dans lequel un déséquilibre grave en ressort au détriment de l’économie nationale. Sur le plan commercial, le déficit flagrant de la balance commerciale entre les deux parties, un manque à gagner sur le plan fiscal pour le pays suite au démantèlement tarifaire progressif et enfin les investisseurs européens qui se sont détournés de la destination Algérie. D’où l’urgence de réviser cet Accord « clause par clause », dans l’esprit d’une approche « gagnant-gagnant » comme déclaré par le Président Tebboune.
Fateh H.