Abdelaali Hassani Chérif: Un islamiste à la conquête du pouvoir

Opportunité. C’est le slogan choisi par Abdelaali Hassani Cherif, président du Mouvement de la société pour la paix (MSP) et candidat à l’élection présidentielle anticipée du 7 septembre prochain, pour sa campagne électorale.
Opportunité pour le pays mais aussi opportunité pour lui dans la conquête du pouvoir que le parti islamiste cherche à atteindre depuis son père fondateur, le défunt Mahfoud Nahnah.
Comment Abdelaali Hassani Cherif est-il parvenu à représenter le plus important parti islamiste au scrutin du 7 septembre ?
Figure inconnue du MSP, il s’est imposé lors du dernier congrès du parti, tenu le mois de mars 2023 à Alger, après le retrait de l’ancien président Abderrazak Makri, dont l’ambition présidentielle n’est un secret pour personne.
Les hommes les plus ambitieux du MSP sont, en plus de Makri, Abdelmadjid Menasra et Bouguerra Soltani. Avant que le parti ne désigne Abdelaali Hassani Cherif pour le présider, personne ne connaissait l’homme et on ne lui attribuait aucune ambition, jusqu’à sa désignation pour représenter le parti islamiste à l’élection présidentielle.
D’où est-il venu ? De quel parcours peut-il se revendiquer ?
Né le 19 novembre 1966, originaire de Magra, wilaya de M’Sila, Hassani Cherif a obtenu un diplôme d’ingénieur d’État en génie civil en 1992 puis une licence en droit administratif en 2004. Il a été membre de l’Assemblée populaire de la wilaya de M’Sila de 2002 à 2007 et député à l’Assemblée populaire nationale de 2007 à 2012. Il était responsable de l’organisation et de la numérisation au sein du parti, avant de devenir président du MSP en 2023 prenant la relève de Abderrezek Makri. Sorti donc de nulle part, avec des fonctions non stratégiques au sein du MSP, Abelaali Hassani Cherif était loin de refléter une figure présidentiable. L’opinion publique s’est attendue à ce que le parti présente son ancien président Abderrazak Makri. Ambitieux, ce dernier avait regretté le choix de sa formation, en dénonçant l’absence de compétition au sein de ses instances. Logiquement donc, le MSP avait choisi son président pour être son candidat au scrutin du 7 septembre. Aujourd’hui, Hassani Cherif vise la conquête du pouvoir après l’acceptation du dossier de sa candidature par l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) et la Cour constitutionnelle. Grâce à la mobilisation des structures du parti, il a pu rassembler 2 021 formulaires de signatures individuelles d’élus répartis à travers 50 wilayas et à l’étranger, dont 1 986 ont été acceptés et 35 rejetés. Il avait déposé également 87 586 signatures d’électeurs, réparties sur 50 wilayas, dont 79 782 ont été validées. Fort de cet acquis et de la confiance placée en lui, l’enfant de Magra a élaboré un programme électoral axé sur cinq thèmes centraux et articulé autour de 62 engagements, en référence à l’année de l’indépendance. Il veut, à travers son programme, consacrer les composantes de l’identité nationale et de cristalliser une vision de développement global et durable capable de mobiliser les capacités humaines et matérielles, d’atteindre l’autosuffisance, de renforcer la structure de la société et d’associer tous les Algériens au développement et à la prospérité du pays.

Modération dans les priorités
Islamiste convaincu, Hassani Cherif prône la modération et le juste milieu, assurant que programme avait pour référence la Déclaration du 1er Novembre 1954. Ses priorités ? Elles ne sont pas nombreuses et se résument, notamment, en la protection du front social, l’amélioration du pouvoir d’achat, le renforcement de la place de l’Algérie sur la scène internationale et régionale et l’affirmation de sa position immuable vis-à-vis de ses causes centrales, à savoir la cause palestinienne et du Sahara occidental. Il cherche la réforme du système politique, l’établissement d’un partenariat politique, la réalisation d’une réforme constitutionnelle, législative et institutionnelle et l’adoption de l’administration électronique. « J’aspire à un passage progressif vers le régime parlementaire fondé sur la reddition des comptes et la séparation des pouvoirs, ainsi qu’une plus grande participation de la femme et des jeunes à la vie politique », a-t-il déclaré récemment. Dans sa conquête du pouvoir, il s’appuie sur sa formation et bénéficie du soutien d’un autre parti islamiste mais qui n’a aucun ancrage au sein de la société : le mouvement Enahda. Un soutien beaucoup plus symbolique. Hassani Cherif se fait entouré par plusieurs cadres du parti, avec lesquels il compte lancer sa campagne électorale, au cours de laquelle il sillonnera près de 50 wilayas du pays. Il a choisi le chef du groupe parlementaire du MSP, Ahmed Saddouk pour diriger sa campagne. Le chemin vers le Palais d’El Mouradia n’est pas facile à emprunter mais le candidat islamiste y croit. Il voit en ce 7 septembre une «opportunité» pour conquérir le pouvoir et devenir le premier président islamiste du pays .
F.H.

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