Face aux dérives constatées dans certaines émissions télévisées, le ministre de la Communication, Mohamed Laagab, hausse le ton. Lors d’une réunion avec les directeurs des chaînes publiques et privées, il a rappelé les exigences légales et déontologiques qui s’imposent au secteur audiovisuel.
L’affaire de l’émission polémique « Khaliha Ala-Rabi » sur Ennahar TV, mettant en scène un différend entre un imam et un père au sujet d’une collecte de fonds, a été l’élément déclencheur. Pour le ministre, le traitement de cette question sociale sensible a bafoué les règles essentielles de professionnalisme et d’impartialité.
Violations à répétition de la loi sur les médias
Mohamed Laagab a dénoncé les nombreuses violations de la loi organique sur l’information, citant notamment les manquements aux articles 3 (respect de la dignité humaine), 20 (vérification
de l’information) et 35 (respect de la déontologie). Des infractions récurrentes qui nourrissent un sentiment de ras-le-bol au sein de l’opinion publique, submergée de plaintes pour extorsion et pratiques frauduleuses. Dans la ligne de mire du ministre, les émissions de collecte de fonds caritatives qui prolifèrent sans véritable cadre légal ni contrôle sur la réalité des besoins sociaux allégués et l’utilisation des dons. Un flou juridique que le futur cahier des charges de l’audiovisuel, en préparation,
devrait dissiper. En attendant sa publication, le ministre a donné instruction aux chaînes de cesser la diffusion de ces programmes potentiellement problématiques. Un avertissement ferme, assorti d’un rappel aux obligations professionnelles de rigueur pour les médias.
L’Autorité de régulation sur le pied de guerre
De son côté, l’Autorité nationale indépendante de régulation de l’audiovisuel a également réagi à la polémique suscitée par l’émission d’Ennahar TV. Dans un communiqué, elle confirme avoir autosaisi le dossier pour examiner les éventuels manquements dans un souci d' »application correcte et équitable de la loi ». L’instance appelle les médias à la plus grande « retenue » dans la diffusion de témoignages, exigeant l’égalité de traitement, l’impartialité et le droit de réponse. Et ce, afin d’éviter d' »exploiter la souffrance humaine » à des fins purement mercantiles. Un signal fort adressé aux professionnels de l’audiovisuel, rappelés à l’ordre sur leurs responsabilités avant que de nouvelles sanctions ne soient peut-être envisagées .
M.M.