La Commission conjointe d’historiens algériens et français « Histoire et Mémoire » s’est réunie récemment à Constantine pour
discuter de la récupération des archives, des biens pillés, et des ossements des héros de la Résistance populaire. Lors de cette troisième rencontre depuis son installation en 2022, les parties ont convenu de remettre 2 millions de documents numériques sur la période coloniale, dont 29 rouleaux et 13 registres constituant 5 mètres d’archives relatifs à la période ottomane avant 1830. En ce qui concerne la bibliographie, les deux parties ont décidé de continuer à constituer une bibliographie commune de recherches et de sources imprimées et manuscrites remontant au 19e siècle. Cette bibliographie sera imprimée, numérisée, et traduite vers l’arabe et le français, avec l’objectif de récupérer tout ce qui peut l’être. Un accord a également été conclu pour réaliser une chronologie des crimes coloniaux durant le 19e siècle. En ce qui concerne les biens spoliés, la commission a convenu de récupérer tous les biens symbolisant la souveraineté de l’Émir Abdelkader et des chefs de la résistance populaire, ainsi que de poursuivre l’identification des restes remontant au 19e siècle et le recensement des prisonniers algériens avec l’établissement d’une liste nominative. Sur le plan scientifique et académique, les parties ont mis en place un programme d’échange et de coopération scientifique, prévoyant des missions de chercheurs et d’étudiants algériens en France ainsi que des missions françaises en Algérie pour consulter les archives, avec levée
des entraves administratives françaises devant les chercheurs algériens. La commission a également convenu d’organiser des événements scientifiques conjoints au cours de l’année universitaire 2024-2025 et d’ouvrir un portail électronique commun dédié à la période coloniale (1830-1962). La réunion a été caractérisée par un débat scientifique responsable empreint de respect mutuel et de reconnaissance quant aux faits historiques vécus par l’Algérie sous le joug colonial et la nécessité de récupérer ses biens pillés pendant la période coloniale, notamment au 19e siècle.
Khemissi.M.