Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf a affirmé, mardi à Alger, que la responsabilité de faire cesser les frappes sionistes sur la bande de Ghaza «incombe entièrement au Conseil de sécurité», précisant que cette agression ne «constitue qu’une étape avancée du processus d’expansion de l’occupation».
«La responsabilité de faire cesser les frappes sionistes sur la Bande de Ghaza, de mettre un terme à la tyrannie et à la barbarie de l’occupant sioniste, et de garantir une protection internationale au peuple palestinien, incombe pleinement au Conseil de sécurité, qui ne saurait en aucun cas et sous aucun prétexte, s’y soustraire, ni s’affranchir des répercussions de son incapacité à agir pour mettre fin à cette injustice historique qui n’a que trop duré à l’encontre du peuple palestinien», a déclaré M. Attaf lors d’une session extraordinaire de l’Assemblée populaire nationale (APN) suite aux développements graves survenus du fait de l’agression sioniste contre la bande de Ghaza.
«Cette agression n’est qu’une étape avancée du processus d’expansion et de recrudescence de l’occupation sioniste», dont l’un des responsables a «brandi, il y a quelques semaines, depuis la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies, une carte qui occulte complètement la Palestine et rétablit le projet du grand Israël», a poursuivi M. Attaf.
Après avoir rappelé que «les frappes qui s’abattent, aujourd’hui, sur Ghaza, son siège inique et les massacres de sa population, ne sont pas nés des évènements du 7 octobre, soulignant que cette agression n’est que le résultat de tant d’impunité et de complaisance à l’égard de l’occupation sioniste qui s’enfonce avec délectation dans ses violations et ses dérives, faisant fi de tous les us, et de toutes les lois et chartes internationales».
Les frappes sionistes contre Ghaza, poursuit M. Attaf, «sont le cheminement de l’absence d’une volonté politique internationale sincère de régler la cause palestinienne, une cause longtemps marginalisée, dénigrée, voire occultée de l’agenda de la communauté internationale, ces deux dernières décennies, n’ayant bénéficié d’aucune Initiative sérieuse de paix depuis les années 90».
«Cette agression n’aurait pas été possible, n’était-ce le recul de la pression exercée par les pays arabes en faveur de la cause palestinienne et le déclin de leur rôle diplomatique dans le soutien au peuple palestinien et à son projet d’Etat-nation, suite à la dernière initiative lancée il y a plus de 20 ans», a-t-il déploré.
A cette occasion, le ministre a mis en avant «l’ampleur de la souffrance du peuple palestinien frère, que nous saluons aujourd’hui avec déférence pour sa résistance héroïque face à la machine de guerre sioniste dévastatrice qui se surpasse en termes de barbarie et de cruauté, pour infliger au peuple palestinien les pires atrocités et souffrances», rappelant dans le même contexte «les positions internationales à géométrie variable, s’agissant des évaluations, des positionnements et des normes appliquées».
Il a expliqué que ce double standard «dicte à ses partisans leur empressement pour condamner les atteintes aux colons, tout en feignant de ne pas voir les formes d’assassinat, de torture et d’oppression les plus hideuses à l’encontre des populations autochtones». Il anime, même, leur «plaidoiries sur ce qui est indûment qualifié de droit à l’autodéfense de l’occupant, et leur acharnement à dénuer le peuple qui croupit sous le joug colonial, de ses droit les plus élémentaires garantis par la légalité internationale, y compris son droit de refuser la liquidation et la disparition».
M. Attaf a affirmé, dans le même sens, que tous les peuples de par le monde qui s’étaient élevés pour apporter leur soutien au peuple palestinien, «en ont assez de cette approche choquante et irrationnelle, cette approche qui manque d’équité et que toute âme éprise de liberté rejetterait».
«Par quelle logique pourrait-on justifier le massacre de plus de 8.000 civils palestiniens, dont plus de 3.000 enfants et nourrissons…Quelle est cette logique qui pourrait expliquer les motifs de la démolition de plus de 45 % des constructions habitées à Ghaza, justifier le bombardement d’hôpitaux, d’écoles, de mosquées, d’églises et de locaux de l’UNRWA…Par quel entendement peut-on saisir le déplacement forcé de tout un peuple», s’est interrogé M. Attaf.
Défendre la Palestine par fidélité aux principes de la Révolution du 1er Novembre 1954
Le ministre des Affaires étrangères a affirmé que «la défense par l’Algérie de la cause palestinienne et de nos frères opprimés à Ghaza et dans tous les territoires palestiniens occupés, participe également de sa fidélité à son histoire nationale et aux principes de sa glorieuse Guerre de libération».
«Sur instruction du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, la solidarité algérienne avec nos frères palestiniens s’est scindée en deux niveaux humanitaire et diplomatique», a-t-il dit.
Au niveau humanitaire, «l’Algérie a apporté aide et assistance au peuple palestinien à Ghaza, par l’acheminement d’aides importantes et urgentes à l’aéroport d’El-Arich en Egypte via un pont aérien composé d’avions relevant des Forces aériennes algériennes», a-t-il indiqué, ajoutant que «l’occupant sioniste continue d’entraver l’acheminement des aides aux Ghazaouis, ce qui constitue un crime de guerre, tel qu’attesté récemment par le Procureur général de la Cour pénale internationale».
Sur le plan diplomatique, l’Algérie «poursuit ses efforts incessants sur les scènes régionale et internationale pour soutenir les exigences urgentes imposées par la situation actuelle», à savoir «la levée du siège injuste imposé à la bande de Ghaza depuis plus de 16 ans, l’arrêt des frappes aléatoires qui ont coûté la vie à des milliers d’innocents, l’arrêt du déplacement forcé des populations, tout en permettant l’acheminement des aides humanitaires à Ghaza sans restrictions ni conditions aucunes».
Dans toutes les réunions auxquelles elle a pris part, l’Algérie a souligné «l’impératif de traiter les causes profondes du conflit dans son ensemble, à travers la relance du processus de paix au Proche-Orient et en œuvrant à mettre fin à l’occupation des territoires palestiniens et à permettre l’établissement d’un Etat palestinien pleinement souverain avec Al-Qods comme capitale», a poursuivi le ministre.
«En sa qualité de décideur en matière de politique étrangère et de premier responsable de la mise en œuvre de ses décisions, le Président Tebboune a défini, avec précision et rigueur, les leviers de la position de notre pays vis-à-vis de la solution juste, globale et durable du conflit arabo-israélien», a-t-il ajouté.
Ces leviers consistent en «une prise en charge effective et sérieuse des droits nationaux légitimes du peuple palestinien, l’unification des rangs palestiniens aux fins de consolider leur position au sein des cadres internationaux en charge de la consécration de la paix au Proche-Orient et y renforcer leur influence, mais aussi conférer davantage de solidité à leur plaidoiries au profit de leur projet national et de la revendications de leurs droits légitimes», outre «la garantie d’une protection internationale d’urgence au peuple palestinien», face aux exactions et aux dépassements de l’occupant sioniste.
Ces leviers englobent, également, la nécessité «pour l’Assemblée générale d’accorder à la Palestine la qualité de membre à part entière, balisant ainsi la voie à une solution fondée sur le droit du peuple palestinien d’établir son Etat indépendant et souverain, parallèlement à la relance du processus de paix au Proche-orient sur la base de l’Initiative arabe de paix adoptée lors du Sommet de Beyrout de 2002, et la consécration de tout processus de paix par l’établissement d’un Etat palestinien sur les frontières de juin 1967, avec Al-Qods pour capitale».
L’occasion était pour M. Attaf de réaffirmer «la conviction ancrée de l’Algérie» que la conjoncture actuelle «est d’autant plus dangereuse qu’elle ne saurait être appréhendée sans tenir compte des accumulations historiques à l’origine de sa récurrence des dizaines de fois ces dernières décennies», mais aussi que «la paix durable au Proche-Orient, ne saurait avoir lieu tant que la Communauté internationale continue à feindre de ne pas entendre les revendications légitimes des Palestiniens pour la libération de leurs territoires occupés et l’édification de leur Etat indépendant».
R.N.