De plus en plus vulnérable face à une crise politique qui évolue à une vitesse vertigineuse, les tentatives de président français Emmanuel Macron de choisir un successeur à Michel Barnier – dont le gouvernement s’est effondré mercredi dernier suite à une motion de censure – s’avère une tâche délicate.
Accusé d’être incapable de répondre aux besoins des Français, Macron résiste désormais difficilement à une pression croissante pour qu’il démissionne, exercée par les députés de la droite et la gauche. Michel Barnier quitte Matignon après seulement 90 jours à la tête de l’Exécutif et devint le plus éphémère de l’histoire de la Ve République. Les ministres partent, mais le budget n’a pas été adopté, alors que l’on se dirige vers a fin de l’année.
Les initiateurs du vote étaient les députés de la gauche du Nouveau Front Populaire (NFP). La droite du Rassemblement national (RN) les a soutenus. Les deux groupes les plus importants à l’Assemblée française ont ainsi obtenu la majorité requise des voix : 331 députés sur 577 se sont prononcés en faveur de la censure. Les députés avaient déjà prévenu : si le budget du pays est adopté sans tenir compte de l’avis du pouvoir législatif, alors un vote pour dissoudre le gouvernement sera inévitable. La semaine dernière, Barnier a accepté de ne pas augmenter les impôts. Cependant, lundi dernier, il a annoncé qu’il utiliserait l’article 49.3 de la Constitution et approuverait le texte de PLF, sans passer par les députés. Il a ainsi scellé son sort. Macron a rejeté la faute sur les députés de gauche et d’extrême droite. « L’extrême droite et l’extrême gauche se sont unies dans un front anti-républicain », a déclaré Macron à propos du vote de mercredi contre Barnier. Barnier restera en fonction à titre intérimaire jusqu’à ce qu’un nouveau gouvernement soit nommé, a déclaré la Présidence française après que le président a accepté sa démission jeudi.
« Soyons honnêtes, ils ne pensent qu’à une chose : l’élection présidentielle », a déclaré Macron. « La censure est une réaction au 49.3 déclenché par le gouvernement », a écrit Jean-Luc Mélenchon, chef de la France insoumise (LFI), membre du NFP, dans un message posté sur X. « C’est M. Macron qui a été censuré, pas M. Barnier ! Il doit s’en aller pour que le peuple puisse voter de nouveau », a-t-il tranché, poursuivant : « Il ne comprend pas ce qui se passe dans le pays ni dans ses mœurs politiques ». Dans un autre message, il a ajouté : « Le changement est nécessaire puisque les vieilles recettes d’Emmanuel Macron ne fonctionnent plus ».
La plupart des Français ont soutenu la dissolution du gouvernement. Selon une enquête menée par la société de sondage d’opinion Toluna Harris Interactive, 53 % des citoyens approuvent le vote de censure. Dans le même temps, certains d’entre eux craignent les conséquences possibles pour le pays. 82% des personnes interrogées ont peur pour l’avenir. Les principales préoccupations sont la situation économique et politique, ainsi que la question budgétaire non résolue. La fragmentation politique a conduit la république dans une impasse. Les forces de droite et de gauche semblent incapables de s’unir pour arrêter le déclin économique. S’il ne parvient pas à créer à nouveau un nouveau gouvernement stable, Macron annoncera des élections législatives anticipées l’année prochaine. Toutefois, des élections anticipées ne résoudront pas le problème, car leurs résultats pourraient être encore pires pour Macron .
R.I