En ordonnant l’évacuation de la bande de Gaza intimant aux palestiniens de se diriger vers le sud, l’armée de l’occupant sioniste s’enfonce dans ses violations du droit international devant le silence complice des puissances occidentales. L’on assiste en effet à un «déplacement forcé» qui rappelle aux Palestiniens qui se battent pour leurs droits l’épisode de la Nakba en 1948. Tel est le constat établi par l’organisation internationale de défense des droits de l’Homme, Amnesty international (AI).
«L’ordre donné par l’armée israélienne à la population du nord de Gaza et de la ville de Gaza d’«évacuer» vers le sud de la bande de Gaza ne peut être considéré comme un avertissement efficace et peut constituer un déplacement forcé de population civile, en violation du droit international humanitaire », indiquait, hier, l’ONG, estimant que quelque soit le délai, la force d’occupation «ne peut pas considérer que le nord de la bande de Gaza est une zone de tir».
Pour rappel, l’armée de l’Etat sioniste a ordonné vendredi la «relocalisation sous 24 heures, de tous les civils du nord de la bande de Gaza vers le sud». Immédiatement, le porte-parole du secrétaire général de l’organisation des Nations unies (ONU), Stéphane Dujarric a réagi en affirmant qu’une évacuation d’une telle ampleur était «impossible sans provoquer des conséquences humanitaires dévastatrices ».
Conséquences humanitaires dévastatrices
Des conséquences qui ne tarderont pas à se confirmer, puisque la décision a d’ores et déjà semé la panique au sein de la population. «Des milliers de Palestinien·ne·s déplacés à l’intérieur de leur territoire dorment désormais dans les rues, ne sachant pas où fuir ni où se mettre à l’abri face à la campagne de bombardements menée (par l’entité sioniste) et aux mesures de sanction collective impitoyables », regrette Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International, estimant qu’«il faut l’annuler immédiatement ».
Depuis le 7 octobre dernier, «plus de 532 000 Palestiniens ont déjà été déplacés à l’intérieur du territoire», selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies, soit un quart des 2,2 millions d’habitants. Ce qui dénote de l’ampleur du déplacement forcé imposé par l’occupant. Le tout avec la bénédiction de ses alliés. D’ailleurs, AI n’a pas manqué de les pointer d’un doigt accusateur.
« Les alliés (de l’entité sioniste) et les États donateurs doivent appeler sans attendre au respect du droit international humanitaire et à la protection des populations. Les civil·e·s de Gaza ne doivent pas être utilisés comme des pions sur l’échiquier politique et leur vie ne doit pas être dévalorisée », a plaidé Agnès Callamard, appelant la communauté internationale à «s’abstenir de légitimer davantage le blocus illégal imposé depuis 16 ans et mettre fin au transfert d’armes».
Les témoignages d’habitants que l’ONG a approchés prouvent que ces derniers vivent dans la crainte de vivre le cauchemar de 1948, jour de la Nakba, lorsque plus de 750.000 palestiniens furent déplacés et chassés de leurs territoires.
Traumatisme générationnel
Décrivant un «traumatisme générationnel» du déplacement qui est gravé dans la mémoire collective des Gazouis, des citoyens redoutent une « seconde Nakba », selon AI. «Nos parents ont été expulsés de chez eux en 1948 lors de la Nakba. Nous avons perdu notre maison, détruite lors de l’offensive d’août 2022. Nous l’avons reconstruite, pour la voir à nouveau détruite… Toute notre vie se résume à un enchaînement de déplacements », a déclaré Munir Radwan, professeur d’université. Pour un autre habitant, en une nuit, Gaza a changé d’époque : « Nous sommes allés nous coucher en 2023 et nous nous sommes réveillés en 1948».
Devant ce désastre humanitaire, la SG d’Amnesty insiste que la communauté internationale «ne doit pas rester silencieuse» et conclut : «Les déplacements forcés de civil·e·s gazaouis (Par l’occupant) doivent cesser immédiatement».
Farid B.