Algérie-Tunisie: appel à l’adoption d’une feuille de route pour le suivi de la coopération

Le Premier ministre, M. Aïmene Benabderrahmane, a appelé, mercredi à Alger lors de l’ouverture des travaux de la 22e session de la Grande commission mixte algéro-tunisienne de coopération qu’il a coprésidée avec le Chef du Gouvernement tunisien, M. Ahmed Hachani, à l’adoption d’une feuille de route pour le suivi de la coopération bilatérale selon un calendrier défini pour chaque secteur.

« Je propose l’adoption, à l’occasion de notre réunion, d’une feuille de route comprenant les échéances, et les priorités de notre coopération et de nos projets afin d’en assurer un suivi selon un calendrier défini pour chaque secteur », a déclaré le Premier ministre, recommandant une évaluation de ces projets « dans le cadre des mécanismes disponibles ou ceux devant être crées, afin que notre coopération soit palpable, efficace et bénéfique aux économies de nos deux pays ».

S’exprimant sur les raisons de la faible coopération bilatérale dans les domaines économiques en dépit de la hausse des échanges commerciaux bilatéraux ces deux dernières années, M. Benabderrahmane a expliqué que cela était dû à l’absence d’activités régulières de suivi et d’évaluation.

Il a relevé, à ce propos, que les deux pays jouissaient de « grandes capacités leur permettant de réaliser un véritable décollage économique ».

Le Premier ministre a rappelé, par la même, la signature de 27 accords à l’occasion de la visite du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune en décembre 2021 en Tunisie, où les deux présidents ont appelé, à l’époque, à l’adoption d’une nouvelle approche permettant à nos relations « d’amorcer une nouvelle ère ».

Dans ce sillage, le Premier ministre a souligné le besoin d' »une stricte application et d’une activation » des conventions signées entre les deux pays, rappelant la nécessité de les actualiser « pour mettre en place les facilitations et les avantages nécessaires susceptibles de hisser le niveau de nos relations ».

Se félicitant des réalisations accomplies ces dernières années, le Premier ministre a estimé que les échanges commerciaux et les investissements « demeurent loin du niveau requis » et ne sont pas à la hauteur des capacités de développement dont disposent les deux pays.

C’est pourquoi, « Nous espérons que notre réunion aboutira à des résultats fructueux à la hauteur de nos aspirations communes et à même de réunir les conditions propices à la réalisation des objectifs escomptés en matière de promotion de la coopération et du partenariat dans différents domaines et secteurs », a souligné le Premier ministre.

Il a, dans ce contexte, affirmé que les relations algéro-tunisiennes « sont désormais exemplaires » et nécessitent, tout de même, « davantage d »efforts et d’idées pour aplanir les difficultés, lever les obstacles entravant la réalisation de notre vision commune de développement de notre partenariat, mais aussi réaliser plus de complémentarité et d’intégration ».

De surcroît, M. Benabderrahmane a expliqué que cette session avait pour but de cristalliser des « projets réalistes » au service de l’économie et du développement dans les deux pays, en plus de valoriser les acquis précédents et les hisser au niveau des aspirations communes des dirigeants à Alger et à Tunis visant à réaliser « un partenariat stratégique et une pleine intégration ».

 

== La situation internationale exige davantage de coordination pour immuniser les deux pays ==

 

Dans ce cadre, il a appelé à « accélérer » l’activation du Conseil d’affaires conjoint et la concrétisation de ses objectifs, notamment après avoir constaté « un recul injustifié de ce Conseil et des chambres de commerce des deux pays, en dépit de leur rôle axial dans les relations commerciales bilatérales », soulignant que toutes les conditions devraient être réunies pour permettre aux hommes d’affaires de s’acquitter de leurs missions.

Le Premier ministre a aussi mis l’accent sur l’impérative unification des efforts pour œuvrer « de manières sérieuse et urgente » à surmonter toutes les difficultés et obstacles structurels entravant le processus de coopération et le partenariat entre les deux Etats, notamment en termes de fluidité des échanges commerciaux et de l’investissement.

Aussi, a-t-il appelé à la mise en place des cadres pratiques à même d’établir « un véritable partenariat économique » visant à bénéficier des avantages concurrentiels, des expériences et des capacités des deux pays, en accordant une importance extrême à la coopération dans les domaines prioritaires et en identifiant de nouveaux domaines de coopération suivant « un plan pratique » comprenant des objectifs fixés selon des délais impartis pour leur réalisation.

Concernant la situation internationale actuelle, M. Benabderrahmane a plaidé pour davantage de coordination, de coopération et de conjugaison des efforts pour « assurer la sécurité et la stabilité dans les deux pays et dans toute la région, notamment en matière de lutte contre le terrorisme, le crime organisé et la migration clandestine ».

Le Premier ministre a tenu à préciser, dans ce cadre, que l’ampleur du fléau de la migration clandestine requiert le renforcement de la coordination bilatérale et la lutte contre ce fléau selon une approche participative reposant sur le traitement de ses causes profondes, saluant à ce propos la coordination permanente entre les corps de sécurité des deux pays.

Il a, en outre, plaidé pour l’activation de l’accord sécuritaire signé en 2017, en appelant à la tenue de la première réunion de la commission sécuritaire mixte, indiquant que « cela renforcera la coopération sur le plan qualitatif ».

M. Benabderrahmane a mis en exergue l’importance de la coopération entre les corps de Police et de contrôle au niveau des postes frontaliers, et du renforcement de l’échange d’informations sur la mobilité des personnes et des biens et le flux des fonds.

S’agissant de la situation en Libye, « un des plus grands défis » posés ayant une répercussion directe sur les deux pays, le Premier ministre a réaffirmé la position « constante » et « la conviction ferme » de l’Algérie que « la seule solution réside dans un règlement politique global entre les Libyens eux-mêmes, l’accélération de l’organisation des élections et la réalisation de la réconciliation nationale ».