Alignement de Macron sur la thèse marocaine au Sahara occidental: Ce que cherche la France, selon Rahabi

L’aveugle alignement du président français Emmanuel Macron sur le prétendu plan d’autonomie marocaine au Sahara occidental, comme « seule » base du règlement de ce dossier, vise à garantir à la France « un ancrage » en Afrique à travers le royaume de Mohamed VI, analyse l’ancien ministre et diplomate, Abdelaziz Rahabi.
En effet, la France qui n’a plus d’influence sur les pays du Sahel, à l’instar du Mali, du Burkina-Faso, du Niger et le Tchad, et après avoir été chassée par les populations locales derrière leurs nouveaux dirigeants, et devant une Algérie intransigeante sur les principes de souveraineté, en fait du Maroc, sa nouvelle porte.
«Après son retrait forcé du Sahel, la France avait besoin d’un ancrage stratégique nouveau en Afrique du Nord que lui offre le Maroc, pays paradoxalement quasi insulaire lui-même et sans frontières avec le Sahel, en contrepartie d’un engagement diplomatique français sur un territoire, le Sahara Occidental, qui ne lui appartient pas », a sèchement estimé Abdelaziz Rahabi, dans une analyse publiée, hier, dans un média en ligne. L’ancien diplomate explique que le président français, outre son alignement total sur les thèses hégémoniques du Maroc, «s’engage fortement à mettre à son service son appareil diplomatique
et institutionnel ». Pire, Macron «assume ainsi publiquement le choix de rompre avec la politique d’équilibre de ses prédécesseurs depuis le président François Mitterrand », fera remarquer Rahabi.
Pour ce qui est de l’Algérie, l’ancien ministre soutient que Macron a fait ce virage, après avoir constaté qu’il lui était impossible d’influencer notre diplomatie aux constantes positions.
« N’ayant pas pu infléchir les politiques maghrébine et africaine de l’Algérie, il en vient à considérer la constance dans nos positions diplomatiques comme une attitude hostile aux intérêts de la France », écrit-il. Et bien entendu, entre Alger et Rabat, il était plus facile à la France de tisser des compromis avec un pays expansionniste qu’un autre qui défend le droit des peuples à l’autodétermination et à disposer de leur liberté. «Il est naturellement plus aisé de s’entendre avec un Maroc, fidèle allié historique de l’Occident et expansionniste par mimétisme dans la pure tradition occidentale » et « bien moins aisé toutefois d’envisager de faire accroire aux Algériens que l’abandon du peuple sahraoui et de ses droits légitimes favoriserait l’intégration régionale », assène Abdelaziz Rahabi.
Et de rappeler dans ce sens que toute l’histoire du processus d’intégration post indépendance d’Afrique du Nord «a été fondé sur le consensus de Zéralda en juin 1988, réaffirmé à Marrakech en février 1989, selon lequel seul un règlement juste et durable de la question sahraouie participerait à la mise en place d’un climat de confiance et d’une dynamique d’intégration maghrébine », et que les chefs d’États maghrébins «avaient alors réitéré leur soutien aux plans de règlement ONU-OUA». Une réalité qui n’arrange évidemment pas le deal entre Paris et le régime du Makhzen .

Farid B.

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