Marché parallèle de devises: Comment en finir avec le Square ?

 

Le Conseil Monétaire et Bancaire de la Banque centrale vient d’adopter le projet de règlement relatif aux conditions d’autorisation, de constitution, d’agrément et d’exercice des bureaux de change. Un projet que le monde de l’économie et de la finance observe avec beaucoup d’intérêt, dans un contexte marqué par le règne du marché parallèle de devise. Il n’est un secret pour personne que le marché noir fait partie de l’équation des changes en Algérie. Pour les changes, les algériens recourent beaucoup plus au square et ses bureaux semblables dans l’ensemble du pays qu’au circuit bancaire officiel. D’où l’intérêt que suscite le projet de la Banque d’Algérie qui vise, dans un premier temps, à créer les conditions appropriées pour faciliter le déploiement d’un vaste réseau de bureaux de change afin de rendre les opérations de change plus accessibles au grand public.

L’expert financier Mohamed Haichour soutient que le projet de la Banque d’Algérie marque une étape significative dans la gestion des devises en Algérie et ouvre la voie à un nouvel horizon dans le domaine du marché de change. Elle adopte une approche plus libérale dans la gestion de la devise, ce qui se traduit par une plus grande transparence, une plus grande concurrence et des services plus compétitifs.

Dans l’ensemble, il pense que la nouvelle réglementation devrait contribuer à éradiquer le marché informel du change à moyen terme et permettra pour la première fois aux résidents d’accéder aux devises étrangères, même limitées, de manière plus facile, plus transparente et plus compétitive.

L’économiste Brahim Guendouzi précise que les opérations de change qui seront effectuées dans ces bureaux doivent correspondre aux dispositions édictées par le règlement n°07-01 du 03 février 2007, c’est-à-dire celles touchant essentiellement le droit aux allocations de change au profit des résidents, pour voyages touristiques ou professionnels à l’étranger, frais d’études et de stage, les touristes étrangers, etc.

Les bureaux de change qui seront agréés auront la capacité d’agir comme le font des guichets bancaires. Il s’agit de l’achat ou de la vente contre de la monnaie nationale, de billets de banque et de chèques de voyage libellés en monnaies étrangères librement convertibles, auprès des personnes physiques résidentes et non résidentes.

Seulement, le gap qui existe entre le taux officiel et le taux pratiqué dans l’informel, risque d’être contraignant pour la clientèle qui s’adressera aux bureaux de change qui appliqueront les cours officiels. Comment alors éradiquer le marché parallèle?

M. Guendouzi se demande si ce premier règlement concernant l’ouverture des bureaux de change constitue-t-il un premier pas vers la convertibilité totale mais progressive du dinar pour en finir avec les transferts illicites de devises et le marché parallèle ?

Il estime que la digitalisation va certainement entraîner une délocalisation physique du marché informel et une dématérialisation du change manuel à moyen terme.

Fateh H.