Dans une vision prospective ambitieuse, le ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, a dévoilé lundi à Oran les grands axes de la feuille de route énergétique algérienne pour la période 2024-2028. Intervenant à l’ouverture du salon NAPEC 2024, le membre du gouvernement a annoncé la planification de vastes investissements destinés à renforcer les capacités de production et de transformation des hydrocarbures sur le territoire national. Marquant une étape clé dans cette nouvelle dynamique, l’Agence Alnaft procédera dans les prochains jours au lancement du premier appel d’offres international « Algeria Bid Round 2024 ». Une initiative majeure visant à attirer les investissements étrangers dans le développement du secteur pétrolier et gazier algérien, conformément au récent cadre juridique des hydrocarbures.Une mutation guidée par l’impératif de répondre à la demande nationale croissante en énergie tout en préservant des niveaux de revenus acceptables issus des exportations d’hydrocarbures – levier essentiel du développement socio-économique du pays. Néanmoins, le premier responsable du secteur a tenu à rassurer quant à la détermination de l’Algérie à poursuivre l’exploitation du gaz naturel, pierre angulaire de sa transition énergétique. En parallèle à ces chantiers dédiés aux énergies fossiles, l’Algérie accélère sa mutation vers un mix énergétique diversifié par le biais d’un ambitieux programme national d’énergies renouvelables. D’ici 2035, le pays vise ainsi une capacité photovoltaïque installée de 15.000 MW, dont 3.200 MW dans une première phase déjà lancée par l’opérateur public Sonelgaz. Au-delà du volet production, le plan stratégique algérien entend hisser le pays au rang de plaque tournante régionale incontournable en matière d’échanges énergétiques. Un objectif incarné par plusieurs mégaprojets d’interconnexion électrique et gazière, à l’image du raccordement du Grand Sud au réseau Nord (investissement de 3 milliards de dollars), du projet Medlink reliant l’Algérie à l’Italie via une liaison maritime de 2.000 MW, ou encore du futur Gazoduc Transsaharien devant acheminer le gaz naturel du Nigeria vers l’Europe. Autant d’initiatives structurantes qui, selon M. Arkab, permettront à l’Algérie de jouer un « rôle déterminant pour accélérer la transition énergétique » tout en confortant son positionnement de hub énergétique incontournable entre l’Afrique et l’Europe. Mais cette ambition ne saurait se concrétiser sans la prise en compte de l’impératif environnemental. D’où les efforts déployés par l’Algérie pour réduire son empreinte carbone, à l’image de la constitution d’une base de données sur les émissions ou l’engagement de Sonatrach à réduire le torchage à moins de 1% de sa production d’ici 2030.Une démarche durable que le pays entend approfondir à travers de nouveaux partenariats techniques et technologiques, à l’instar du récent accord avec les États-Unis portant sur la réduction des émissions de méthane, principale composante des gaz à effet de serre.
Farid.H.