Dans une démarche audacieuse visant à protéger les droits et la dignité des victimes du terrorisme, l’avocate Fatma Zohra Benbraham a intenté une action en justice contre l’écrivain Kamel Daoud.
Cette plainte, déposée devant le Tribunal d’Oran, accuse Daoud d’avoir exploité de manière abusive l’histoire personnelle de Sâada Arbane, une survivante du terrorisme, dans son dernier roman « Houris ».
Selon Benbraham, Daoud a commis l’impensable en « volant » la personnalité, l’histoire et les propos de sa cliente, sans aucune considération pour ses souffrances et les tourments endurés. Cette appropriation illégale de son vécu intime est perçue comme une violation flagrante de la vie privée et une atteinte à la mémoire collective du peuple algérien.Mais l’affaire ne s’arrête pas là. Benbraham a également déposé une plainte au nom des disparus du terrorisme et de l’Organisation nationale des victimes du terrorisme (ONVT), représentée par Mme Zahra Flici.
Elle dénonce avec véhémence le fait que le succès littéraire de Daoud, couronné par le prestigieux prix Goncourt, s’est construit sur les souffrances de nombreuses victimes innocentes.
Dans une allégation choquante, l’avocate accuse l’écrivain d’avoir tenté, « par des méthodes infâmes, d’altérer l’image de l’Algérie, ses valeurs nobles et de porter atteinte à l’histoire et à la mémoire d’un peuple tout entier ». L’exploitation non autorisée de l’histoire de Sâada Arbane est citée comme la preuve concrète de cette tentative désespérée.Mais l’affaire prend une tournure encore plus sombre. Benbraham affirme que l’épouse de Daoud, qui était la médecin en charge de l’état psychologique de la victime, a divulgué des informations confidentielles obtenues auprès de cette dernière, constituant ainsi une violation du secret professionnel et une atteinte à la déontologie professionnelle.
Avec détermination, Benbraham a déclaré qu’elle prendra « toutes les mesures nécessaires pour répondre aux mensonges et à la falsification » contenus dans le livre, accusé de porter atteinte à l’image de la femme algérienne et de causer préjudice à la victime, à sa famille, aux proches, ainsi qu’aux victimes de la tragédie du terrorisme.
Cette bataille juridique met en lumière les enjeux cruciaux de la protection de la dignité des victimes et du respect de leur histoire personnelle. Alors que Daoud fait face à des accusations graves, l’issue de cette affaire pourrait avoir des répercussions profondes sur la manière dont les écrivains abordent les thèmes sensibles liés aux traumatismes et aux tragédies collectives .
Farid.H.
